Répétitions de la chorale de Gand

Chemin de Croix. Une nouvelle prise de conscience à Gand

Le Chemin de Croix organisé par la petite École de Communauté de Gand devient l’occasion pour faire l’expérience du Christ à travers la beauté des chants et des textes proposés par don Giussani

Cette année à Gand, en Belgique, nous avons organisé le Chemin de Croix du Vendredi Saint avec un groupe d'amis, petit mais diversifiè, qui se réunit toutes les deux semaines pour l'École de Communauté. La préparation, l'adaptation et la réalisation du Chemin de Croix ont représenté pour beaucoup d'entre nous un pas de conscience dans la rencontre avec le Christ à travers le charisme donné par Dieu à don Giussani et transmis jusqu'à nous par le Mouvement. Ce pas s'est concrétisé de nombreuses manières. Tout d'abord, dans la liberté de demander de l'aide à tous les amis de l’École de Communauté - en commençant à partir de ceux qui connaissaient le moins le geste - et, encore plus, dans leur adhésion, libre elle aussi, curieuse et disponible, précisément en raison de l'amitié qui nous unit, d’année en année, malgré des histoires, des sensibilités, des cultures et des langues différentes, ce qui est déjà en soi un petit miracle.

C'est précisément l'amitié entre nous qui a fait tomber certaines résistances possibles, comme le raconte Luca : « Au départ, prendre l'initiative "à la base" (au lieu de simplement participer à des initiatives organisées par les "institutions") comporte toujours des risques : personnellement, j'aurais laissé tomber et j'aurais tranquillement été à la petite église de la périphérie où je vais pour les autres célébrations. Mais par confiance envers les amis qui ont proposé cette initiative, j'y suis allé, apportant moi aussi ma petite contribution à sa réalisation ». Ou Emma : « Après avoir accueilli avec peu d'enthousiasme cette proposition, étant donné que je travaille dans la région francophone, je n'apprends pas le néerlandais ». Elle s'est ensuite portée volontaire pour la chorale, qu'elle avait expérimentée dans le Mouvement de CL comme une « forme de prière », et a découvert durant le Chemin de Croix que « la langue, le lieu, les personnes ou la manière n'avaient rien à voir avec le moment que nous vivions : j'étais là simplement pour prier et être plus proche de Jésus au moment de sa mort. De la même manière, j'ai été très frappée de voir autour de moi des personnes si éloignées du Mouvement, mais en même temps si proches, qui participaient en servant avec une gratuité totale ».

Un autre pas de conscience a été possible dans la "redécouverte" de l’obéissance fidèle envers l'Église dans son autorité locale. En effet, alors que nous voulions informer les responsables diocésains de notre geste, on nous a fait remarquer qu’à la même heure se déroulait la Liturgie de la Croix proposée par l'Évêque à la cathédrale, à laquelle nous aussi, nous étions invités, puisque nous faisons partie du diocèse. Par obéissance, nous avons remis en question tout le geste jusqu'à décider de le maintenir, mais en l'anticipant d'une heure, afin de pouvoir également assister à l'événement diocésain. Comme l'a dit Andrea : « que le geste soit finalement fait ou non, nous avons appris l'obéissance comme forme objective d'offrande et de prière, plus vraie que toutes nos tentatives ». Pour Luca, qui après le Chemin de Croix est allé à la cathédrale pour se joindre avec certains d'entre nous également à la célébration "centrale", « en mettant de côté mes objections et résistances et en suivant, c'était la redécouverte renouvelée que je ne me suffis pas à moi-même, que j'ai besoin chaque jour de découvrir où et comment le Seigneur me rejoint pour me montrer que ça vaut la peine de vivre, de se lever, d'agir et d'espérer. Et le Seigneur n'a pas manqué de se montrer dans les deux moments. Ainsi, dans la petite chapelle où nous avons fait notre Chemin de Croix, j'ai redécouvert une dimension "basique" de l'Église, construite par la présence de chacun, par des visages amis unis par une rencontre. Et dans la grande cathédrale gothique du centre-ville, j'ai vu ces mêmes amis converger vers le corps de l'Église universelle : avec l'Évêque local, un prêtre ami, les jeunes d'un autre mouvement de jeunesse dont nous devenons amis, et tant d'autres personnes, tous réunis autour du Crucifié. En me sortant de la passivité individualiste dans laquelle il est facile de s'installer, le Seigneur m'a fait redécouvrir de manière plus vive et nuancée la dimension communautaire de notre foi ».

Enfin, un dernier pas a été possible, pendant le Chemin de Croix, en voyant la beauté de d’être ensemble, témoignée par Rudy qui l’a vue et la dans l'atmosphère qui régnait, et dans le fait de nous découvrir libres du résultat. En effet, bien que nous ayons invité d'autres amis, non seulement de CL, il y avait plus de personnes derrière l'autel pour la chorale et les lectures que parmi le "public". En voyant cela, Gina était désolée, « parce que nous ne pouvions pas partager notre initiative avec plus de personnes. Mais dès que nous avons commencé, toutes ces pensées ont disparu et le texte et les mélodies eux-mêmes ont rempli mon esprit ». Anna, à qui on avait demandé d'accueillir ceux qui arrivaient à l'entrée, a été surprise par l'attention avec laquelle une amie venue de Bruxelles parlait avec un couple qu'elle ne connaissait pas, alors qu'ils attendaient le commencement du geste : « cela aurait pu être une attention banale, mais quelque chose m'a profondément touchée, comme si ce n'était pas une chose normale, mais une Présence qui prenait soin des nouveaux amis. J'ai réalisé que ce que nous allions vivre était déjà là, présent, qui m’accueillait comme ce couple pour vivre le geste avec cette nouvelle conscience ».

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Cette liberté a également porté ses fruits, dans la beauté avec laquelle le geste s'est déroulé. Pour Costanza, qui chantait dans la chorale, « quelque chose d'exceptionnel s'est produit entre nous pendant cette heure ensemble : la beauté du moment a profondément touché mon cœur et je souhaitais que cela dure encore un peu. Et cela a été le cas, plus tard, en revoyant comment à Caravaggio et à Sidney mon père et mon frère avaient vécu la même expérience que moi ». La même attention s'est révélée dans la lecture de l'Évangile en anglais et des textes de Péguy en néerlandais, inconnus jusqu'alors pour certaines des personnes présentes. Ces lectures ont touché le cœur de chacun grâce à l'interprétation des lecteurs. Marianne elle-même a découvert Péguy en préparant le Chemin de Croix pour la première fois : « cela a été bien plus qu'une simple soirée pour se souvenir de ce que le Christ a fait pour nous : je veux remercier don Giussani de nous avoir fait revivre, à travers la beauté et la culture, les sentiments de douleur, de tristesse et d'acceptation pour ce qui était en train de se passer ce jour-là il y a tant de siècles. Cela a été pour moi une véritable expérience ».
Davide, Gand (Belgique)