L’exaltation de l’Être

La leçon de Julián Carrón à l’Assemblée internationale des responsables, La Thuile, 20 août 2003 (« Traces », octobre 2003)
Julián Carrón

La leçon de Julián Carrón à l’Assemblée internationale des responsables, La Thuile, 20 août 2003. À partir du message pour le pèlerinage Macerata-Lorette, il a repris les passages de la lettre de don Luigi Giussani à la Fraternité de CL du 22 juin 2003

« Quand nous nous mettons ensemble, pourquoi le faisons-nous ? Pour arracher de nos amis et, si possible, de tout le monde, le néant dans lequel tout homme se trouve » [1]. Nous sommes ensemble dans ce but : nous arracher du néant. C’est contre le néant que nous luttons. Nous ne sommes pas ensemble pour mieux organiser les choses, pour mieux les gérer, mais pour une charité envers nous-mêmes, parce que ne pas succomber au néant nous intéresse.
Il s’agit avant tout de regarder la réalité, regarder notre expérience, parce qu’une objection pourrait s’insinuer en nous : « Et voilà, on commence à faire de la philosophie ». Ceux qui pensent que ce dont nous parlons est de la philosophie, devraient aller voir le film The Hours, où le metteur en scène parvient à transmettre ce qu’est une vie dépourvue de sens (en sortant du cinéma, je sentais sur moi le poids du vide, comme on peut le sentir très souvent dans la journée).
Rien ne peut nous arracher de ce néant qui pèse sur nous aussi, car nous sommes comme tout le monde ; être ici ne nous rend pas différents, nous sommes comme tous les hommes, c’est-à-dire que nous faisons la même expérience que tout le monde : il est impossible de vivre dans une culture sans en être influencé.
Le néant pèse sur nous de nombreuses manières. Don Giussani a utilisé différentes expressions. En s’adressant aux universitaires, il l’a défini comme un « cynisme d’errants » [2] ; l’an dernier, dans l’interview au journal Libero, il a parlé de « conformisme », en dénonçant le fait que beaucoup n’attendent plus la plénitude (et cela vaut dans et en dehors de CL, dans l’Église et en dehors) : il n’y a plus d’attente [3]. Ou encore, on peut parler d’« aridité du cœur », de « froideur », de « formalisme ». Ce sont différentes manières qu’a le néant de nous prendre, au point de devenir une tentation de notre culture. Paola De Carolis écrivait dans un quotidien italien, le Corriere della Sera, en parlant du bouddhisme: « La béatitude éternelle est le néant » [4] (c’est l’étrange fascination pour le bouddhisme de notre culture, qui conçoit la béatitude éternelle comme le néant) ; ou encore (mais tous les journaux en sont pleins) : « L’ennui nous sauvera », affirme la Repubblica, un autre journal italien, « Affronter la peur du vide et en devenir conscients » ou, mieux encore, passer à cette « prise d’inconscience » qui, à elle seule, vaut plus de mille séances d’autoanalyse [5].
Le néant. L’un de vous disait, en parlant de son expérience du Groupe Adulte, mais on pourrait étendre ses paroles à chacun de nous : « Il y a un danger mortel que j’ai vu clairement au début de cette année : y être à moitié, y être sans y être. Il y a une lutte sous-jacente beaucoup plus forte que tout travail ou toute tension provoquée par les circonstances externes, et c’est de rester dans une vocation comme la nôtre sans la vouloir. “Faire” sans vouloir ce que l’on fait désagrège la personne de l’intérieur, la rend malheureuse, en bloquant sa liberté, en la rendant aride jusqu’à la moelle, parce qu’on n’aime pas ce qui est, et on ne peut aimer ce qui n’est pas ».
Le néant « nous rend arides jusqu’à la moelle », nous ne nous en tenons pas à ce qui est : en effet, comme disait Cornelio Fabro, « on ne choisit pas le néant, on s’abandonne au néant ». On s’y abandonne, on se laisse aller, on glisse : on s’abandonne à une vie dépourvue de sens. Combien de moments dans la journée sont vides de sens !
On comprend alors pourquoi don Giussani, dans la lettre à la Fraternité, affirme (et nous ne pouvons qu’être d’accord) : « Le moi doit être continuellement exalté par une renaissance du réel, par une ré­création » [6].
Le moi, notre moi, toi et moi, nous devons continuellement être exaltés par une renaissance. Nous sommes ensemble pour cela. Comme le dit le message à l’occasion du pèlerinage Macerata­Lorette, « notre rapport est un rapport “vocationnel” » [7]. La vie est vocation au bonheur, à la plénitude. « C’est même le rapport vocationnel que, en nous rencontrant [le fait que nous soyons ensemble], on se sente saisi au plus profond, secoué de son apparente nullité, faiblesse, méchanceté ou confusion, et invité à l’improviste aux noces d’un prince » [8].

1. L’exaltation de l’Être
Le néant n’est vaincu que par l’Être. Nous ne pouvons devenir amis, nous ne pouvons nous arracher du néant que si l’Être a vaincu en nous d’une manière ou d’une autre, si l’Être a touché notre vie. L’Être ! Que l’Être soit ! C’est ce qui a impressionné don Giussani, comme il le dit lui-même dans la lettre : « L’hymne à la Vierge de Dante coïncide avec l’exaltation de l’être » [9]. Et, plus loin : « Ainsi, la première partie de l’hymne de Dante est l’exaltation de l’éternel » [10].
« J’aurais pu commencer la lettre ainsi », nous disait-il quelques jours après l’avoir écrite : « Dante voulait parler de l’éternel, il voulait faire comprendre aux gens, il voulait parler aux gens auxquels il écrivait de l’éternité, c’était l’éternité qui l’intéressait. Tout le reste est comme un flot de lumière d’éternité. Parler d’éternité, c’est parler de l’Être. C’est le problème de l’Être qui manque à tout le monde ».
C’est notre problème. Le néant n’existe pas, on ne peut choisir le néant, on s’abandonne au néant. Mais le problème, c’est que l’Être nous semble abstrait, sans réelle incidence sur la vie. Face aux réactions suscitées par la lettre, don Giussani a fait remarquer : « J’ai dû découvrir ces jours-ci que l’Être ne vibre en personne ».
Le premier point de la lettre est donc normalement « sauté » : il est plus facile, par exemple, de croire comprendre ce qu’est la liberté, mais en ce qui concerne l’Être, nous ne savons pas quelle position prendre, parce qu’il ne vibre pas en nous, il nous semble ne pas pouvoir en faire expérience. Nous aider à comprendre la lettre est donc essentiel, car on ne la comprend pas seulement par la réflexion, mais en participant d’une manière ou d’une autre à la même expérience de celui qui l’a écrite.
Une fois, un étudiant a demandé à don Giussani, qui avait invité tout le monde à s’identifier avec le contenu de l’École de communauté comme seul chemin pour vaincre une façon abstraite de sentir les mots, comment cette identification se produisait dans sa vie et dans ses rapports. Et il lui a répondu : « Comment cela arrive dans ma vie, je ne peux pas te le dire, mon ami, sinon par le fait que, dans ta vie déjà, quelque chose de semblable apparaît, fait l’objet d’une expérience. On ne comprend que ce qui, d’une manière ou d’une autre, correspond à quelque chose dont nous faisons déjà l’expérience » [11].
Il s’agit donc de faire expérience de ce qui nous a été dit, car sinon, nous croyons comprendre, mais nous réduisons à nos mesures. Nous aider à faire expérience des choses : c’est le but de don Giussani depuis le début du mouvement. Parce qu’il sait très bien qu’on ne comprend quelque chose que si elle « survient » : le début de la connaissance est un événement, comme il l’a souvent dit en citant Finkielkraut [12].
Le contenu de la lettre nous place devant un problème de connaissance, comme il nous l’avait dit lui-même il y a six ans (voir le texte des Exercices de 1998, qui reste encore à apprendre !). Alors déjà, il avait ce problème à l’esprit : il voulait communiquer que « Dieu est tout en tout » (c’est à dire l’Être) ; et que « “Dieu est tout en tout” est la conséquence impressionnante à laquelle conduit la raison quand on la comprend selon l’expérience réalistement naturelle que nous en faisons » [13].
Si nous regardions notre expérience, nous comprendrions que « Dieu est tout en tout ». Mais « Dieu tout en tout », observe don Giussani, nous semble « abstrait » [14]. On le voit si l’on demande par exemple à quelqu’un : « Mais tu y as pensé ? Tu t’en rends compte ? » ; il répond : « Oui, je le sais ! », mais sans être le moins du monde touché, si bien qu’il fait comprendre le contraire. C’est comme s’il disait : « Je sais, mais il ne se passe rien » : c’est une abstraction.
L’une de vous écrit : « Je suis frappée d’avoir rencontré ici, au bord de la mer, quelques personnes du mouvement et du Groupe Adulte parce que, en parlant banalement avec eux de ce qu’ils font et de là où ils iront passer leurs vacances, on voyait une division impressionnante entre le travail, les rapports, les vacances, les problèmes, les sujets qui les intéressent vraiment, et le mouvement, la vocation, Jésus. Ces derniers [le mouvement, la vocation, etc.] ne sont absolument pas mis en question, au contraire ! Mais ils n’ont rien à voir avec la vie ».
Dans le texte des Exercices de 1998, don Giussani affirme que l’abstraction avec laquelle nous percevons Dieu est « de l’ordre de la connaissance » [15] et que c’est « une séparation qui se produit entre la raison et l’expérience qui en est à l’origine » [16]. « Le cœur du problème se clarifie dans la lutte qui se développe sur la manière de comprendre le rapport entre raison et expérience. Pour le comprendre, il suffirait de regarder la formule “Dieu est tout en tout” ; qui bouleverse la formulation plus commune sur l’existence de Dieu (“Dieu existe”). En effet, l’affirmation d’un Être suprême, de l’existence de Dieu, clos en lui-même, sans rapport avec l’action de l’homme si ce n’est à la fin, comme juge qui détruit ou approuve ce que l’homme a réalisé, laisse toujours tranquille » [17].
C’est dans la manière de concevoir le rapport entre raison et expérience que réside tout le problème : « La négation du fait que “Dieu est tout en tout” dépend d’une irréligiosité » [18]. C’est une irréligiosité « qui naît, sans que personne ne s’en aperçoive, à partir d’une séparation entre Dieu comme origine et sens de la vie […] et Dieu comme fait de la pensée » [19]. Ce que nous pensons de Dieu, sur Dieu, est détaché de l’expérience que nous faisons de Lui : alors, il devient abstrait. Cela se produit à cause d’une irréligiosité, d’une séparation presque imperceptible, qui commence sans que personne ne s’en aperçoive.
Si tu es frappé par la réalité et que tu t’en détaches un instant plus tard, que tu t’en sépares, alors commence l’irréligiosité. La question n’est pas de prier ou pas. Le problème est le rapport avec la réalité. Dieu commence à devenir abstrait si, lorsque tu parles de Dieu, tu te détaches, tu parles de Dieu comme un fait de ta pensée, et non à partir de l’expérience que tu fais de Lui. Une séparation entre Dieu et l’expérience s’introduit. On le comprend très bien en regardant ce qu’est l’expérience originelle où on ne trouve pas cette séparation et pourquoi ce détachement est irréligiosité.
Le point de départ est l’expérience, et cela implique que nous pouvons, toi et moi, faire expérience de l’Être. Pourquoi pouvons-nous en faire expérience ? Parce que l’Être se communique, se donne lui-même dans une forme : « L ‘Être se “co-étend” à la communication totale de Lui-même, l’Être arrive à toucher tout ce qui l’entoure et pour lequel Il a été fait, et c’est précisément dans la communication totale de Lui-même que cela (la co-extension) survient et se réalise, parvient jusqu’à toi » [20].
L’Être, nous disait don Giussani, est partagé par le moi humain à travers une forme, en tant que forme. L’Être ne peut se révéler que comme forme. L’Être se donne, se donne lui-même, à travers une forme. On peut faire expérience de l’Être, le toucher, parce qu’il parvient jusqu’à nous à travers ce dont on peut jouir. L’Être dont on peut désormais jouir dans la vie : voilà la co-extension. L’Être parvient jusqu’à nous à travers une forme. Face à ce qui se produit, nous disons très souvent : « Cela arrive parce que cela arrive, il n’y a rien derrière ». Non ! Cela arrive parce qu’un Autre le veut, cela arrive parce que c’est le Mystère qui se communique : c’est l’impressionnante liberté du Mystère.
Steiner écrit : « L’acte créateur » – à travers lequel l’Être se communique, se co-étend à tout et parvient jusqu’à nous –, « est la réalisation d’une liberté. Il est entièrement libre. Son existence comporte, de façon implicite ou explicite, l’alternative de la non-existence … La “création”, bien comprise et perçue, est synonyme de “liberté”, de ce fiat ou “qu’il soit” qui ne trouve son sens que dans sa relation ... avec le “qu’il ne soit pas”. C’est seulement dans cette gratuité envers l’être – l’être est toujours un don – que l’artiste, le poète, le compositeur peuvent être considérés “semblables à Dieu” » [21]. L’Être parvient jusqu’à toi, te touche, t’appelle à travers une forme, et on peut donc en faire expérience.
Voici ce qu’implique le fait de dire que le point de départ est l’expérience. C’est exactement le contraire de l’abstraction. « L’expérience – dit don Giussani de façon géniale dans la leçon citée – est l’émergence de la réalité dans la conscience de l’homme, c’est la réalité qui devient transparente au regard de l’homme » [22]. On ne connaît ce qu’est l’amour, la liberté, la mère, les montagnes, qu’à travers l’expérience. Ce n’est pas en lisant des romans sur l’amour, mais à travers l’expérience de l’amour que l’on comprend ce qu’est l’amour.
Regardons donc l’expérience originelle, l’expérience de la rencontre du moi avec la réalité (chapitre dix du Sens religieux) [23]. Si j’ouvrais les yeux pour la première fois en ce moment et que je voyais le Mont Blanc, la première chose, la toute première expérience serait la stupéfaction, un attachement. Avant tout donc, la réalité me frappe (« Que c’est beau ! »), et je m’attache à elle ; puis je prends conscience [de moi-même]. La première expérience est celle d’un attachement, pas d’une séparation. Si cette séparation se produit, c’est en raison d’une initiative de la liberté.
Face à la réalité, dans l’impact avec la présence de la réalité, dans l’attachement à l’attractivité de la réalité, de ce dont on peut jouir, c’est là que commence la religiosité. Alors que la séparation est le début de l’irréligiosité, parce qu’elle va contre la nature de l’expérience que nous faisons.
Par conséquent, comme le dit Finkielkraut, « l’utopie triomphante est la prétention violente de nous libérer de la réalité comme donnée, et surtout du donné comme présence » [24]. Si cette utopie l’emporte, nous sommes « perdus » ; tout le reste n’est qu’une conséquence.
Le début de l’irréligiosité, la première victoire du néant, se produit dans cette séparation, si nous acceptons cette séparation, si nous nous y abandonnons, car l’origine, l’expérience originelle est un attachement, pas une séparation. Ce début survient presque sans que l’on s’en aperçoive.
Comme le montre tout le parcours du chapitre dix du Sens religieux, si nous sommes loyaux dans l’impact avec le réel, le choc avec la réalité, ce contrecoup originel éveille en nous un désir, une tension, une exigence de connaître qui ne se réalise que si l’on arrive à dire : « Toi qui me fais ». Si nous nous arrêtons avant, comme nous le faisons d’ordinaire, nous n’arrivons pas à l’Être, nous ne faisons pas expérience de l’Être, et lorsque nous parlons de l’Être, nous en parlons eh dehors de l’expérience.
Nous avons été éduqués à partir ainsi de la réalité. Si je pars de la réalité que je vois, que je touche, de la forme avec laquelle l’Être se donne, je suis contraint d’affirmer l’Être comme son origine, un Être « réel » : non pas un fait de la pensée (un fait de la pensée ne peut expliquer la présence de la réalité), mais un Tu – dit don Giussani –, un « Tu réel et mystérieux » [25]. Peu importe si tu le sens ou pas : il existe ! Ce Tu réel et mystérieux existe. Pourquoi existe-t-il ? Parce que nous-mêmes existons. Il n’est pas question de sentiment, il n’est pas question de ce que nous pensons : il existe ! Si nous ne pouvons prononcer une affirmation aussi simple – « il existe ! » lorsque nous parlons de Dieu, nous parlons d’un fait de la pensée. D’ailleurs, quand nous entendons don Giussani parler de l’Être, de Dieu, nous sommes touchés. Une fois, au cours d’un repas – c’est Giancarlo qui l’a raconté – il s’est exclamé : « Pour moi, Dieu est aussi réel que ces pommes de terre ». C’est parce qu’il existe que j’en fais expérience, que je le sens. Pas « il existe parce que je le sens », mais « je peux en faire expérience parce qu’il existe ». C’est avant tout un problème de connaissance. Si l’on n’utilise pas la raison de cette manière, on n’en respecte pas la véritable nature : en effet, la vraie nature de la raison est définie par cette exigence que la réalité éveille en moi. « L’hymne à la Vierge de Dante coïncide avec l’exaltation de l’être, avec la tension ultime de la part de la conscience de l’homme qui est en présence de la “réalité” qui ne naît pas d’elle-même mais est faite par un focus ineffable » [26]. Qu’est-ce que cette « tension ultime de la conscience » ? La raison ! La présence de la réalité éveille cette exigence, cette tension, qui définit la nature de la raison.
Ce n’est que si l’on accepte ce contrecoup et que l’on ne se détache pas de la tension que la réalité produit en nous que nous arrivons au focus ineffable, c’est à dire au Tu réel et mystérieux, à l’Être. La conscience de l’homme dans sa tension ultime arrive au focus ineffable de l’Être (à condition que l’on ne soit pas irréligieux, que l’on ne s’arrête pas, que l’on ne se détache pas, que l’on ne sépare pas, que l’on ne bloque pas l’exigence éveillée par la présence de la réalité).
L’homme qui reconnaît la réalité comme créée ne peut pas ne pas arriver à l’exaltation de l’Être : toute la création, en effet, est la communication de l’Être, toute la création vibre de cet Être. « C’est un éternel conseil, c’est quelque chose qui vibre et qui s’appelle éternité » [27]. Il est donc impossible que l’Être ne vibre en personne : si nous ne vibrons pas, quelque chose ne va pas, c’est la victoire de cette séparation. Autrement, c’est impossible, comme il est impossible de regarder les montagnes sans dire : « Que c’est beau ! », sans recevoir le choc de cette beauté. Ce n’est pas possible ! Cela signifie que nous n’acceptons pas de voir la réalité. Si l’on se trouve face à la réalité, on ne peut pas ne pas vibrer.
Mais la méditation de textes ou la lecture d’un roman sur l’amour ne suffisent pas. Il faut un événement, il faut être ému : le test que nous sommes arrivés à l’Être est que nous sommes émus. Nous pouvons être experts en discours, mais combien d’entre nous sont émus ? L’Être se communique seulement à travers l’émotion qu’il produit en nous. Il n’y a pas d’autre manière.
Alors, tout – les montagnes, la femme, les circonstances, le désastre –, tout devient la manière, la forme par laquelle l’Être m’appelle, se communique et m’appelle du fond de ce focus ineffable. « Le Tu constitue le fond de la vérité, c’est-à-dire de la réalité ».
Le travail à faire – l’éducation qui nous manque, après quatre siècles de rationalisme, de blocage de l’apparence – c’est d’arriver à ce focus, car l’apparence, la forme « est la première manifestation de ce qui est pour toujours ». C’est vraiment quelque chose d’extraordinaire : l’apparence n’est pas le prélude au rien, au mensonge, à la vanité.
« L’apparence est la première manifestation de ce qui est pour toujours » [28]. « Ce que l’on voit est l’apparence, mais il faut se laisser entraîner, attirer par l’apparence jusqu’au cœur de l’apparence, qui est quelque chose d’autre, qui est un Autre. Ce n’est pas une apparence, c’est un Autre. Mais cela ne te fait pas oublier l’apparence : cela te fait l’étreindre plus étroitement » [29], justement parce qu’elle te renvoie à un Autre. C’est cela la maturité : « se laisser entraîner par l’apparence jusqu’à arriver à l’intimité de l’apparence » [30], au cœur.
Nous ne faisons pas expérience de l’Être, ou nous parlons de l’Être en dehors de l’expérience, si nous n’arrivons pas jusque là, si nous restons dans l’apparence. C’est un problème d’éducation, et cela vaut pour tout ce qui arrive, pour la réalité toute entière.
Prenons le récit de l’aveugle né, voyons le parcours qu’il fait face au miracle (le miracle : quelque chose qui arrive). « Avant je n’y voyais pas et maintenant j’y vois » [31]. Et cet homme commence un parcours de l’apparence au cœur de l’apparence. Quel est le cœur ? Voyons brièvement les différentes étapes. « Ils lui dirent alors : “Comment donc tes yeux se sont-ils ouverts ?”. Il répondit : “L’homme qu’on appelle Jésus a fait de la boue, il m’en a enduit les yeux et m’a dit : ‘Va-t’en à Siloé et lave-toi’. Alors je suis parti, je me suis lavé et j’ai recouvré la vue”. Ils lui dirent : “Où est-il ?”. Il dit : “Je ne sais pas”. On conduit aux Pharisiens l’ancien aveugle. Or, c’était sabbat, le jour où Jésus avait fait de la boue et lui avait ouvert les yeux. À leur tour, les Pharisiens lui demandèrent comment il avait recouvré la vue. Il leur dit : “Il m’a appliqué de la boue sur les yeux, je me suis lavé et je vois”. Certains des Pharisiens disaient : “Il ne vient pas de Dieu, cet homme-là, puisqu’il n’observe pas le sabbat” ; d’autres disaient : “Comment un homme pécheur peut-il faire de tels signes ?”. Et il y eut scission parmi eux. Alors ils dirent encore à l’aveugle : “Toi, que dis-tu de lui, de ce qu’il t’a ouvert les yeux ?”. Il dit : “C’est un prophète !” [auparavant, il avait dit : “L’homme qu’on appelle Jésus” ; et maintenant il dit : “C’est un prophète”]. Mais les Juifs ne crurent pas qu’il eût été aveugle [pour continuer un préjugé, il faut effacer la réalité, car la réalité suscite le parcours que fait l’aveugle ; pour enrayer ce parcours, il faut se détacher de l’expérience, et ce détachement est la négation de la réalité] et ils appellent les parents. “Celui-ci est votre fils dont vous dites qu’il est né aveugle ? Comment donc y voit-il à présent ?”. Ses parents répondirent : “Nous savons que c’est notre fils et qu’il est né aveugle. Mais comment il voit maintenant, nous ne le savons pas ; interrogez-le”. Les Juifs appelèrent donc une seconde fois l’homme qui avait été aveugle et lui dirent : “Rends gloire à Dieu ! Nous savons nous que cet homme est un pécheur” [c’est le préjugé]. Lui répondit : “Si c’est un pécheur, je ne sais pas ; je ne sais qu’une chose : j’étais aveugle et à présent j’y vois” » [32].
Cet attachement à la réalité le rend vainqueur face à la ruse des pharisiens. Il n’y a rien à faire, c’est le point principal (« Je ne sais qu’une chose : j’étais aveugle et à présent j’y vois »).
« Ils lui dirent alors : “Que t’a-t-il fait ? Comment t’a-t-il ouvert les yeux ?”. Il leur répondit : “Je vous l’ai déjà dit et vous n’avez pas écouté. Pourquoi voulez-vous l’entendre à nouveau ? Est-ce que vous aussi, vous voudriez devenir ses disciples ?”. Ils l’injurièrent et lui dirent : “C’est toi qui es son disciple ; mais nous, c’est de Moïse que nous sommes disciples”. L’homme leur répondit : “C’est bien là l’étonnant : que vous ne sachiez pas d’où il est [il est réel et mystérieux], et qu’il m’ait ouvert les yeux. Nous savons que Dieu n’écoute pas les pécheurs, mais si quelqu’un est religieux et fait sa volonté, celui-là il l’écoute … Si cet homme ne venait pas de Dieu, il ne pourrait rien faire”. Ils lui répondirent : “De naissance tu n’es que péché et tu nous fais la leçon !”. Et ils le jetèrent dehors. Jésus [c’est la fin du parcours] apprit qu’ils l’avaient jeté dehors. Le rencontrant, il lui dit : “Crois-tu au Fils de l’homme ?”. Il répondit : “Et qui est-il, Seigneur, que je croie en lui ?”, Jésus lui dit : “Tu le vois : celui qui te parle, c’est lui”. Alors il déclara : “Je crois, Seigneur !”, et il se prosterna devant lui » [33].
Même face à un aussi grand miracle, on ne peut éviter de faire ce parcours. Le contraire est de ne même pas s’en apercevoir. On peut lire à ce propos l’Évangile de Luc, l’épisode des dix lépreux : tous sont guéris, mais un seul s’en aperçoit [34].
La vie est donnée à chacun de nous, l’Être se communique à nous : seuls quelques-uns s’en aperçoivent. C’est là qu’est la question de l’éducation dont nous avons besoin. De même que l’enfant a besoin d’une mère qui lui rappelle, devant le cadeau qu’on vient de lui faire, alors qu’il est si content de ce qu’il a reçu qu’il en oublie tout : « Qu’est-ce qu’on dit ? ». Et l’enfant : « Merci ! », La mère fait comprendre à son enfant que cela n’arrive pas parce que cela arrive : il y a un autre. C’est cela l’introduction à la réalité, au Tu, à travers tout. Que la vie est grande, lorsque, dans tout ce qui arrive, nous ne nous arrêtons pas à l’apparence !
« Percevoir la présence est percevoir que le néant est vaincu » [35], écrit Cornelio Fabro. Il faut que nous percevions la présence de l’Être pour que notre moi puisse renaître. Cette renaissance survient dans la reconnaissance de l’Être, qui devient prière, demande de l’Être devant le signe : « Révèle-toi ! Fais que je te reconnaisse ! ». Voilà la plus grande expression de l’homme : que je Te reconnaisse en toute chose ! Voilà le jeu de notre religiosité ou de notre irréligiosité : que je te reconnaisse à travers toute chose ! Que j’arrive jusqu’à la fin, jusqu’au Tu, que je ne m’arrête pas avant.

2. La méthode de Dieu : la Sainte Vierge
La méthode de Dieu : c’est ce que la Sainte Vierge a respecté. La nature de l’Être devient manifeste dans la Sainte Vierge. C’est en cela que réside son importance unique. « La Vierge devient émue par l’infini » [36]. L’Annonciation est l’Être qui se communique : le Magnificat en est l’expression profondément émue, il proclame la grandeur du Seigneur : « Parce que le Seigneur a jeté les yeux sur l’abaissement de sa servante » [37]. Mais cela se produit chaque matin lorsque nous disons l’Angelus. Cela n’arrive pas parce que cela arrive (cela pouvait ne pas se produire ; je pouvais oublier), mais c’est Dieu, c’est le Mystère qui se communique à moi, qui me fait dire : « L’ange du Seigneur porta l’annonce à Marie ». Ce n’est pas un souvenir, c’est maintenant. Et on se rend compte de la différence entre une prière pieuse et un événement : si on’ est ému ou pas ! C’est cela qui fait renaitre le moi, l’exaltation de l’individu. C’est là que réside le plus grand défi que l’Être lance à chacun de nous, qui nous met face à notre vrai drame : « Sans la reconnaissance du Mystère qui donne la vie (l’Être), l’individu s’éteint et meurt » [38].
« Que l’Être demande d’être reconnu par l’homme est le drame suprême. C’est le drame de la liberté que doit vivre le moi : l’adhésion au fait que le moi doit être continuellement exalté par une renaissance du réel, par une re­création qui, dans la figure de la Vierge, devient émue par l’infini » [39]. Voilà le drame suprême du moi : pour vivre, pour renaitre du néant auquel nous nous abandonnons, nous avons besoin d’accepter le choc de l’Être, d’adhérer à l’Être. La Vierge est la méthode, parce que c’est le paradigme de la vraie religiosité : « La figure de la Vierge est la personnalité chrétienne qui se constitue » [40]. Sans cela, il y a le néant, c’est-à-dire le pouvoir ; en effet, la seule limite au pouvoir est la religiosité vraie.
« La Vierge a totalement respecté la liberté de Dieu, elle a sauvegardé Sa liberté ; elle a obéi à Dieu parce qu’elle a respecté Sa liberté : elle n’y a pas opposé de méthode à elle » [41]. La liberté de Dieu qui se communique à l’homme rend possible la liberté de l’homme. Par conséquent, « le salut est le Mystère de Dieu qui se communique à l’homme » [42]. On comprend alors pourquoi la « liberté de l’homme est le salut de l’homme » [43] : la liberté de l’homme est le signe que l’homme est sauvé. Et chez la Sainte Vierge, cela devient lumineux. C’est comme si Dieu, nous disait encore don Giussani, parlait avec clarté : « Regardez ce que peut être la vie d’une créature qui respecte la liberté de Dieu ». À travers la Sainte Vierge, Dieu dit : « c’est moi qui vous enseigne comment faire ».
La Vierge est la méthode avec laquelle nous apprenons la familiarité avec Jésus-Christ. Ce don de soi du Mystère, qui remplit tant l’être, la créature, le moi, cette gratuité de l’Être, cette virginité de l’Être, qui communique sa plénitude à la Vierge, c’est ce qui lui permet d’entrer en rapport avec toute la réalité de façon gratuite. « La première caractéristique avec laquelle l’Être se communique est la virginité » [44] : pureté absolue, gratuité absolue.
Ce n’est que si nous sommes remplis de l’Être que nous pouvons laisser toute chose être ce qu’elle est, ne pas avoir la prétention de posséder, respecter l’autre, le laisser libre, comme Dieu l’a créé, libre. Pourquoi ? Parce que dans son rapport avec nous, il y a cette virginité, cette plénitude.
Et cette plénitude, qui est la virginité, est génératrice, est maternité : nous n’avons besoin que de quelqu’un qui nous génère ; nous n’avons pas besoin de conseils, nous n’avons pas besoin de bavardages, nous n’avons besoin de rien ; nous n’avons que besoin de quelqu’un qui nous communique l’Être, dans lequel l’Être soit transparent.

3. Charité et espérance
« L’Être – le don de soi de l’Être, la communication de soi de l’Être – est charité » [45]. « On ne pourrait pas identifier l’Être­Mystère – disait encore don Giussani dans l’interview du Libero –, on ne pourrait pas le surprendre et y adhérer, s’il ne se dévoilait comme Charité » [46]. Charité, ce mot exprime de façon suprême l’attitude de Dieu envers l’homme.
Il suffit de lire l’Évangile de saint Jean : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a envoyé son Fils unique » [47] ou bien la lettre aux Romains : « Alors que nous étions ennemis de Dieu, Dieu a envoyé Son Fils pour nous » [48] ; ou encore celle aux Galates : « Je vis dans la foi au Fils de Dieu, qui m’a aimé et s’est livré pour moi » [49].
« L’essence de l’Être est amour, voilà la grande révélation » [50], « La question est simple : on ne peut accepter ce qui est, le mystère qui est, la réalité de l’Être, que forts d’une expérience dans laquelle on est devenu objet de Dieu » [51].
Si nous reconnaissons tout ce qui arrive comme le don de soi de l’Être, le don de soi de ce Tu à notre rien, tout ce qui survient dans la vie accroît la certitude sur l’Être, sur la charité de l’Être envers nous. « Sans être pris dans ce tourbillon qu’est le Mystère­Charité, on finit par être stérile » [52]. Ce tourbillon est en train de se produire maintenant, il se produit maintenant.
Le don de soi de l’Être est « l’irruption du désir, c’est un désir sans fin » [53], il éveille tout notre moi, nous rend « un » : c’est la victoire sur le dualisme. La charité de Dieu éveille en nous la charité envers toute chose, comme reflet de l’événement de l’Être.
Don Giussani disait encore : « Le moi attiré par l’Être dans la rencontre avec une forme, avec cet amour, s’ouvre à elle, réalisant ainsi la charité ». C’est cette charité envers nous qui nous ouvre.
« L’amour est ainsi la formule participative à ce qui resterait un simple éphémère » [54]. Tout resterait éphémère, alors que tout devient chemin vers le Mystère. C’est la charité dont parle saint Paul dans la Lettre aux Romains : « Que dire après cela ? Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Lui qui n’a pas épargné son propre Fils mais l’a livré pour nous tous, comment avec lui ne nous accordera-t-il pas toute faveur ? Qui se fera l’accusateur de ceux que Dieu a élus ? C’est Dieu qui justifie. Qui donc condamnera ? Le Christ Jésus, celui qui est mort, que dis-je, ressuscité, qui est à la droite de Dieu, qui intercède pour nous ? [C’est la victoire sur la séparation]. La tribulation [la tribulation te sépare, introduit un soupçon dans ton rapport avec le Christ], l’angoisse, la persécution, la faim, la nudité, les périls, le glaive ? … En tout cela nous sommes les grands vainqueurs par Celui qui nous a aimés. Oui, j’en ai l’assurance, ni mort ni vie, ni anges ni principautés, ni présent ni avenir, ni puissances, ni hauteur ni profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté dans le Christ Jésus notre Seigneur » [55].
Ainsi, le néant n’a plus d’emprise. Voilà la victoire de l’Être, dont l’exemple le plus éclatant est le « oui » de Pierre. « Le “oui” de Pierre est la plus grande expression de l’œuvre rédemptrice du Christ sur l’homme, c’est l’explosion de la positivité de l’Être sur la négativité du mensonge de l’action de l’homme » [56].
L’émotion de Pierre ! À un étudiant qui lui demande : « Comment mon oui peut-il être un oui ému … comme celui de Simon ? », don Giussani répond : « Comment peut-il ne pas être ému ? Comment ne pas s’émouvoir à la pensée que le Mystère de l’être pénètre dans mon pauvre être humain, autrement mortel dans le sens total du terme, destiné à se pulvériser entièrement ? Comment le Mystère de l’être peut-il m’aimer jusqu’à me pénétrer, me rendre semblable à Lui, et me tirer sous les bras comme fait une mère avec son enfant, me prendre sous les aisselles ? … Mais comment est-ce possible que Dieu fasse ainsi avec moi, avec toi ? … Dieu est miséricorde » [57].
Cette miséricorde de l’Être est l’essence de l’Être. C’est pourquoi « nous devons rendre préférence humaine la présence du Christ » [58]. Regarde toute chose et confronte-la à cet amour ! Comment peux-tu préférer d’autres à Jésus ?
La charité du Christ est l’extase de l’espérance. Le rapport de l’Être avec la vie de l’homme est le début de la fin, de l’accomplissement. La vie commence continuellement comme source d’Être. S’il y a cette espérance, il y a donc une force de reprise en toute circonstance qu’il n’y aurait pas autrement.
« L’espérance passe comme lumière dans les yeux et comme feu dans le cœur de cet Être qui définit la récompense de l’attente humaine : ce n’est pas une récompense parce que le moi est bon, mais parce que le moi vit l’extase de l’espérance » [59]. De là naît le peuple. Le Mystère devient le peuple humain, l’emphase d’une personnalité chrétienne : nous nous levons le matin pour cela, « on se lève pour une explosion en soi-même du fait de Jésus-Christ ! » [60]
À moins de cela, on ne vit pas.




[1] L. Giussani, « Pourquoi nous mettons-nous ensemble ? Pour être libérés du mal ! Celui qui nous libère est Jésus-Christ », message pour le Pèlerinage à pieds de Macerata à Lorette, Traces, juillet/août 2003.
[2] L. Giussani, « De ma vie à la vôtre », Traces, novembre 2001.
[3] « Les chefs de communauté eux-mêmes ne comprennent pas suffisamment ces choses pour briser leur conformisme et ouvrir des brèches sur l’avenir : ils n’attendent pas la plénitude. Il n’y a pas d’attente. Cela vaut dans CL et en dehors, dans l’Église et en dehors » (R. Farina, « Les juifs et les chrétiens finiront par s’unir », entretien avec don Giussani, Libero, 22 août 2002, traduit et publié sous le titre « L’Être est charité », Traces, septembre 2002).
[4] Cf. P. De Carolis, « La preuve scientifique existe. Les bouddhistes sont plus heureux », Corriere della Sera, 23 mai 2003, p. 14.
[5] V. Schiavazzi, « La noia ci salverà la vita », la Repubblica, 22 juillet 2003, p. 26.
[6] L. Giussani, « Émus par l’Infini », lettre à la Fraternité de Communion et Libération, 22 juin 2003, paru dans Traces, juillet/août 2003.
[7] L. Giussani, « Pourquoi nous mettons-nous ensemble ? », op. cit.
[8] Ibidem.
[9] L. Giussani, « Émus par l’Infini », op. cit.
[10] Ibidem.
[11] L. Giussani, « À travers l’humain », in Avvenimento di libertà, Conversazioni con giovani universitari, Marietti 1820, Gênes 2002, p.10.
[12] « Un événement est quelque chose qui fait irruption de l’extérieur. Quelque chose d’imprévu. C’est la méthode suprême de la connaissance. Il faut redonner à l’événement sa dimension ontologique de nouveau début. C’est une irruption du nouveau qui brise les engrenages, qui met en mouvement un processus » (A. Finkielkraut, Je sortirai Péguy du ghetto, interview à S. M. Paci, « 30 Giorni », juin 1992).
[13] L. Giussani, « Dieu et l’existence », in L’uomo e il suo destino. In cammino, Marietti 1820, Gênes 1999, p. 103.
[14] Ibidem.
[15] Ibidem, p. 104.
[16] Cf. ibidem, p.105.
[17] Ibidem, p. 107-107.
[18] Ibidem, p. 105.
[19] Ibidem.
[20] L. Giussani, « Émus par l’Infini », op. cit.
[21] G. Steiner, Grammatiche della creazione, Garzanti, Milan 2003, p. 122-123.
[22] L. Giussani, « Dieu et l’existence », in L’uomo e il suo destino…, op. cit., p. 107.
[23] L. Giussani, Le sens religieux, Cerf, Paris 2003.
[24] Cf. L. Amicone, « L’évènement comme rencontre. La bataille contre l’utopie », Traces, mai 2003. Voir aussi C. Dignola, « L’idéologie est morte. Ou plutôt non », Traces, mars 2003.
[25] L. Giussani, « Le but et le chemin », in Avvenimento di libertà…, op. cit., p. 20.
[26] L. Giussani, « Émus par l’Infini », op. cit.
[27] Ibidem.
[28] L. Giussani, Affezione e dimora, BUR, Milan 2001, p. 314.
[29] Ibidem, p. 364.
[30] Cf. Ibidem, p. 363.
[31] Cf. Jn 9,25.
[32] Jn 9,10-21,24-25.
[33] Jn 9,26-28,30-31,33-38.
[34] Cf. Lc 17,11-19.
[35] C. Fabro, Libro dell’esistenza e della libertà vagabonda, Piemme, Casale Monferrato 2000, p. 28.
[36] L. Giussani, « Émus par l’Infini », op. cit.
[37] Cf. Lc 1,48.
[38] R. Farina, « Les juifs et les chrétiens finiront par s’unir », op. cit.
[39] L. Giussani, « Émus par l’Infini », op. cit.
[40] Ibidem.
[41] Ibidem.
[42] Ibidem.
[43] Ibidem.
[44] Ibidem.
[45] R. Farina, « Les juifs et les chrétiens finiront par s’unir », op. cit.
[46] Ibidem.
[47] Cf. Jn 3,16-21.
[48] Cf. Rm 5,6-11.
[49] Gal 2,20.
[50] L. Giussani, « Émus par l’Infini », op. cit.
[51] R. Farina, « Les juifs et les chrétiens finiront par s’unir », op. cit.
[52] Ibidem.
[53] L. Giussani, « Émus par l’Infini », op. cit.
[54] Ibidem.
[55] Rm 8,31-35.37-39.
[56] L. Giussani, « Foi en Dieu et foi en Jésus-Christ », in L’uomo e il suo destino…, op. cit., p. 146.
[57]·L. Giussani, « À·travers l’humain », in Avvenimento di libertà…, op. cit., p. 54-55.
[58] L. Giussani, Affezione e dimora, op. cit, p. 96.
[59] L. Giussani, « Émus par l’Infini », op. cit.
[60] Ibidem.