Le pèlerinage à Chartres de CL Paris

Rien n'a pu arrêter la marche de CL Paris dans son traditionnel pèlerinage vers la cathédrale beauceronne. Pas même la pluie diluvienne !
David Victoroff

On se souviendra de cette édition 2015 du traditionnel pèlerinage du mouvement vers Notre Dame de Chartres ce dimanche 13 septembre. Le courage de la centaine de participants qui n'ont pas hésité à se lever à l'aube un dimanche matin a été décuplé par les intempéries qui se sont déclenchées aussitôt leur descente du train à Jouy. La colonne des marcheurs dans la campagne a été égaillée par les parapluies et, comme l’écrivait notre illustre prédécesseur Charles Péguy « Vous nous voyez marcher sur cette route droite, Tout poudreux, tout crottés, la pluie entre les dents. »

Le ciel était si sombre qu'à l'évocation de la nuit de Pâques, lors de la première halte, on aurait pu s'y croire si l'on avait pu entendre la lecture de l'exultet. Mais le rebond sonore comme des baguettes de tambour des gouttes sur les parapluies couvrait la voix du lecteur armé pourtant d’un porte-voix. Rien cependant ne devait décourager les pèlerins de poursuivre leur chemin, de plus en plus trempés à mesure que les trombes d’eau s’abattaient sur notre glorieuse cohorte. Car si certains commençaient à avoir froid aux pieds à mesure que le flot s'infiltrait dans les chaussures, ou ressentaient l’eau traverser les imperméables, alourdir les sacs à dos, noyant le pic-nic des uns, mettant hors d’usage les portables des autres, ou encore transformant en serpillère le pull-over emporté par précaution, tous avaient néanmoins chaud au cœur, convaincu que ce chemin boueux vers « la flèche irréprochable » (encore du Péguy) était le bon et qu'il fallait tenir jusqu'à la voir jaillir au dessus des labours.

« Si une personne ne marche pas et reste immobile, elle ne sert pas, elle ne fait rien. Pensez à l’eau : quand l’eau n’est pas dans le fleuve, elle n’avance pas, elle est immobile, elle se corrompt » dit le Pape François. Nous avons donc marché en évitant de trop penser à cette eau qui nous tombait du ciel transformant les sentiers en ruisseaux, en nous concentrant sur ce chemin qui était le thème de notre pèlerinage, ce chemin résultat de rencontre et qui devait nous mener, pourvu que nous le demandions sans cesse, à la sublime rencontre.

« Magistère et suivance ; contemporanéité et suivance, événement et liberté : voilà les pôles qui résument le chemin » disait une des lectures d'un texte attribué à Julian Caron et don Giussani. Bien que le mot « suivance » ne soit pas à l'Académie, nous avons suivi la Croix, enchaînant les « je vous salue Marie » et les « Notre Père », montrant ainsi la maîtrise que nous avions de nous-mêmes, comme le recommande encore ce texte. « Chante et marche » disait Saint Augustin à ses fidèles, rappelle un message de Julian Caron aux pèlerins de Czestochowa. Nous avons donc chanté et marché, comptant sur « les caresses de la miséricorde » pour nous faire pardonner les quelques instants de lassitude que chacun a pu traverser.

Et nous avons bien fait ! Comme une récompense, la pluie a cessé quand nous sommes arrivés à Chartres :
« Nous arrivons vers vous de Paris capitale,
C’est là que nous avons notre gouvernement,
Et notre temps perdu dans le lanternement,
Et notre liberté décevante et totale. »
écrivait Charles Péguy.
Certains d’entre nous venaient de bien plus loin comme nos amis italiens ou encore Mireille qui arrivait du Cameroun. Mais d’où que nous venions, cette marche déraisonnable avait un sens : « si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive » disait l’évangile du jour (Marc 8, 27-35). Renoncer à être au sec, c’est un début. Le soleil s’est levé juste à temps pour éclairer l’ineffable sourire de Notre Dame de la Belle verrière, comme un signe de joie.