Louis et Zélie valent bien une Messe

Ce Dimanche la communauté de Paris et de Tours s’est rendue au Sanctuaire de Lisieux pour la Messe Pontificale en l’honneur des saints Louis et Zélie Martin, présidée par S.E. Cardinal Poupard, président émérite du Conseil pontifical de la Culture.
Alessandra Guerra

Après un déjeuner frugal improvisé sur le parvis de la Basilique, nous voilà réunis à l’Hermitage pour écouter le témoignage de Adele et Valter, les parents de Pietro, un enfant qui a été guéri par l’intercession des époux Martin.
Pour arriver là, un long voyage dans un magnifique paysage de la basse Normandie où l’automne se fait sentir par ses couleurs rouge et jaune vif, un soleil rayonnant… tout pouvait justifier un long voyage pour un pique-nique réussi. Mais ce n’était pas pour cela qu’une cinquantaine d’amis s’est mis en route ! Pour une Messe ? Pour un témoignage ?
Parfois il m'arrive de « suivre » les initiatives sans trop me poser de questions. Mais devant tout ce déploiement de fastes pour cette célébration (présence des autorités, ministres, etc.), tout d’un coup la question se pose devant mes yeux : que suis-je venue chercher ici ? Mais cela je l’ai compris au fur et à mesure de la journée. Exactement comme l’histoire des époux Martin et des parents de Pietro : l’extraordinaire dans l’ordinaire d’une vie familiale. Cette journée a été une occasion pour comprendre encore plus en profondeur le sens de la vocation de parents : témoigner dans la simplicité de la vie quotidienne ce qui donne sens et valeur à tout. C’est accompagner les enfants à l’accomplissement de leur destin, dans la certitude que l’amour de Dieu ne tarit jamais.
Et puis il y a le témoignage de la famille Schillirò. Le regard de Valter et le sourire de Adele m’ont impressionnée par leur simplicité et leur humilité face au miracle qu’ils ont reçu. Et vivre cela en compagnie de mes amis a été un cadeau encore plus grand. Nous sommes tous là avec nos souffrances et nos blessures, dans le couple, dans la famille, dans la maladie… Voilà le miracle visible au quotidien : notre désir de guérison, de santé, de réconciliation, de paix avec un proche, est le signe du désir infini de bonheur que chacun porte en nous.
Au moment de nous séparer pour rentrer sur Paris, nous avons du mal à nous quitter, à quitter ce lieu plein de paix et de sens. Encore des photos avec Pietro et ses parents pour différer le départ.
Sur le chemin du retour, je reçois des messages sur mon téléphone. Hayat écrit : « Ce matin je ne savais pas vraiment pourquoi je venais. Puis petit à petit je suis rentrée dans la journée. La Messe était particulièrement intense, avec les chants, les lectures et la communion. Quand le prêtre nous a dit que nous étions 5000, j’ai été impressionnée ! Toutes ces personnes sont mes frères et sœurs en Jésus Christ ! Puis il y a eu ce moment fort, quand nous sommes allés vers le reliquaire : tout le monde se bousculait pour aller le toucher et prier. Au moment du témoignage, je me suis rendue compte que j’étais face à des personnes comme moi. Le miracle alors est possible pour tous! Et je retiens ce qu’a dit Adele : un couple ne doit pas rester fermé car il risque de s’ennuyer, il faut vivre dans une communauté qui aide à comprendre où poser le regard ». Elvire, bouleversée par la journée, m’envoie un texto : « J’étais venue à la canonisation seulement par vénération affectueuse pour la petite Thérèse, mais maintenant dans mon pauvre cœur, Louis et Zélie ont toute leur place à côté de la petite Thérèse. J’ai reçu un trésor : je fais partie du merveilleux peuple de Dieu ! ».
Ce que je retiens de la journée ? C’est Pietro. Beau gosse de 13 ans, vif et espiègle, avec un maillot du PSG. Un sourire rayonnant et un regard qui se pose sur toi de façon déterminée. Il sait que les époux Martin ont demandé à Jésus de le guérir, tout simplement. Mais il n’en reste pas moins un enfant de son âge. Quand Sara lui demande s’il est content de la journée, il répond tout simplement : « oui, parce que j’ai manqué l’école ! ».
Ce dimanche nous avons tous été en présence de quelque chose d’extraordinaire et inexplicable, mais qui nous fait comprendre comment la foi fait partie intégrante du chemin de l’existence.