Homélie du père Dino Quartana

A l'occasion de l'anniversaire de la mort de don Giussani, ainsi que de la reconnaissance de la fraternité de Communion et Libération, le père Dino Quartana a célébré une messe à Paris. Voici l'homélie.

Sermon du Père Manfredi (Dino) QUARTANA
Saint Germain l’Auxerrois. Paris

Le 22/02/2017 à l’occasion du 12ème anniversaire de la mort de don Giussani
Fête de la Chaire de Pierre. Mt. 16,13-19


« Sur cette pierre je bâtirai mon Eglise, et la puissance de la mort ne l’emportera pas sur elle… »

Dans les lycées italiens, dans les années 50, pour beaucoup de jeunes l’Eglise était comme morte.
Nous avions fréquenté le catéchisme, fait la première communion, la confirmation…mais au moment de l’adolescence, l’Eglise s’était éloignée, elle était devenue quelque chose d’abstrait, de rigide, capable seulement d’édicter des règles qui nous empêchaient de vivre notre liberté. Elle était comme un fardeau, elle ne touchait plus les intérêts de notre vie, elle était comme morte.

Ce jeune prêtre est venu nous enseigner la religion dans l’heure de classe prévue à cet effet. Il défiait notre raison et notre liberté ; il nous montrait comment la foi et la raison n’étaient pas antinomiques, comment la foi pouvait toucher notre vie concrète, nos expériences, nos amitiés, notre regard sur le monde.
Ce furent des discussions sans fin, des disputes, mais petit à petit certains d’entre nous ont commencé à le suivre, et à le suivre ensemble.
Alors l’Eglise n’était plus morte, nous faisions l’expérience que l’Eglise était une vie. Une vie qui n’avait pas été étouffée par la puissance de la mort, malgré nos limites et nos péchés.
Et cette vie a grandi, s’est développée dans le monde et elle a créé toutes sortes d’œuvres, d’œuvres de vie.
Cette expérience a été reconnue il y a 35 ans par l’autorité de l’Eglise et nous fêtons aujourd’hui cet anniversaire en même temps que nous célébrons l’anniversaire de la mort de don Giussani, il y a 12 ans jour pour jour.

L’Eglise était devenue une vie pour nous, mais quelle était la source de cette vie ?

« Au dire des gens qui est le Fils de l’homme ?...Et vous que dites vous ? Pour vous qui suis-je ?
Alors Simon Pierre prit la parole et dit : 'Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant' »


Le Christ… pour don Giussani tout naissait continuellement de cette présence… Présence ici et maintenant… Le Christ… présence de la miséricorde du Père, le Christ qu’il nous a fait connaître et aimer à travers les innombrables commentaires de l'évangile. Nous avons tous dans le cœur ses paroles à propos des premiers disciples : Jean et André, ses paroles sur Zachée, sur Marie Madeleine, ses paroles sur Pierre …

Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? Oui Seigneur, tu sais que je t’aime

Pour don Gius ce oui était le centre, l’origine de toute notre tension morale, de toute notre affection pour le Christ. Don Giussani nous rendait contemporains du Christ de l’Evangile…de l’Evangile surgissait toute la vie de l’Eglise, destinée à irriguer notre vie et la vie du monde.

L’Eglise était devenue une vie, une vie fondée sur le Christ et l’Evangile, mais comment ce mouvement de vie avance dans l’histoire ?

Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise

Pierre… suivre Pierre… suivre l’autorité suprême de l’Eglise. Don Giussani nous a appris à suivre, à suivre l’ Eglise dans le successeur de Pierre, et cela apparaît d’une manière éclatante dans la façon dont le Père Carrón, son successeur à la tête du mouvement, nous invite continuellement à suivre les enseignements du Pape.
Les Papes nous ont reconnus, nous ont accueillis, nous ont encouragés, nous ont corrigés.
Mais en profondeur, la façon dont don Giussani a suivi les Papes nous a appris ce que signifie SUIVRE... suivre dans l’obéissance, la fidélité, mais aussi dans la créativité et la liberté.

Pour nous qui l’avons suivi, les puissances du monde n’ont pas étouffé l’expérience que l’Eglise est une vie.
Une vie fondée sur le Christ, le Christ des Evangiles et de la tradition.
Nous vivons notre vie chrétienne à la suite de l’Eglise et du Pape .

Mais tout cela nous le vivons comme des pécheurs. Des pécheurs qui sans cesse s’éloignent du chemin en tant que personnes et en tant que mouvement.
Sans cesse nous avons besoin du pardon et de la miséricorde pour revenir sur le chemin, pour retrouver le cœur du don que nous avons reçu.