Se sentir embrassé à tout moment

De Kampala à Rimini. Marvin, qui écrit des chansons. Michelle, qui revient parce que « c’est là que je veux être » et Arnold, avec ses yeux malades…
Fabrizio Sinisi

A Rimini il y a aussi trois jeunes arrivés d’Uganda. Marvin a dix-huit ans. Il vient de terminer l’école, à Kampala, il joue de la guitare, il écrit des chansons, et il voudrait étudier l’Aéronautique. Il est aux Exercices du Clu pour la première fois. « Je voulais venir déjà l’année dernière, mais j’étais encore mineur », dit-il en souriant. Nous le rencontrons le samedi, au déjeuner : la leçon du matin l’a enthousiasmé. «  Ce qui a été dit est vrai. C’est vraiment comme ça. Il m’arrive si souvent de me fuir moi-même, de me distraire pour ne pas voir mon cœur. Cette compagnie m’aide à regarder ce que je veux vraiment. C’est un endroit où la misère que je suis et le mal que j’ai fait ne comptent plus. Ici je ne subis aucun jugement : « on ne me regarde pas pour ce que j’ai fait, mais pour ce que je désire. C’est ça le regard du Christ ». Michelle ne parle pas beaucoup. Pour elle, qui a vingt-et-un ans et étudie les Sciences de l’Education, c’est la troisième fois qu’elle vient aux exercices. « Je me sens comme une enfant qui découvre un père », dit-elle, « pénétrée de la façon par laquelle le Christ sait connaître et accueillir mon désir. Je reviens parce que c’est l’endroit où je veux être. Jésus réalise ce qui pourrait sembler impossible : il libère du jugement, ne me regarde pas pour mon passé, il me donne tout le temps la sensation d’être choisie ». Arnold a dix-neuf ans, il étudie le Marketing International et il semble le plus timide. Il est atteint d’une maladie aux yeux qui a failli le rendre aveugle. L’année passée il est venu en Italie pour se soigner, et il est allé visiter la tombe de don Giussani pour laisser une supplication. La prière la plus naturelle serait celle de demander une guérison, mais Arnold a quelque chose qui le presse davantage. « Sur la tombe de don Giussani j’ai demandé à avoir le même regard qu’il avait, lui ; le même désir de vivre pleinement la réalité à chaque instant. A travers don Giussani j’ai appris la profondeur de mon cœur, quelque chose en moi qui est plus fort que tous les drames, que tous les péchés : j’ai compris que mon désir est celui d’être aimé ». C’est ce que j’ai découvert dans le mouvement, dit-il. « C’est pour ça que je suis venu aux Exercices : parce que le Christ me serre dans ses bras à tout moment. Il n’y a rien de semblable, c’est une expérience unique au monde ».