Saint Riccardo Pampuri

Saint Pampuri. Le miracle le plus grand c’est que nous sommes aimés

À l’occasion du Jubilé pour les 30 ans depuis sa canonisation, nous voulons rappeler comment est née la dévotion de don Giussani envers saint Riccardo Pampuri. Extrait tiré de la biographie écrite par Alberto Savorana.
Alberto Savorana

Au cours du mois de janvier 1995, une amie appartenant aux Memores Domini, Cristina Bologna, raconte à Giussani l’histoire d’une guérison inexplicable attribuée à saint Riccardo Pampuri (1897-1930), un médecin appartenant à l’ordre des Fatebenefratelli, mort jeune et canonisé par Jean Paul II en 1989. Giussani lui-même rapporte les faits tels qu’elle les lui a racontés : « Un membre de la famille d’une de nos amies originaire de Coazzano était tombé gravement malade. Il s’agissait d’une des maladies de la moelle épinière les plus graves qui existent, une greffe était donc nécessaire. Laura avait dit à cette amie : " allons donc faire un pèlerinage près d’ici chez saint Pampuri ". Notez qu’elle avait choisi saint Pampuri parce qu'il était plus près, ça n’a rien de scandaleux : si elles avaient été plus proches de Caravaggio elles se seraient rendues à la Vierge de Caravaggio. Elles se sont donc rendues là-bas, elles ont pris une image du saint et Laura a dit : " nous avons besoin de choses concrètes : va toucher avec l’image les vêtements de saint Pampuri ". Et son amie avait effleuré avec l’image le chapeau de l’uniforme de la fanfare musicale. Elles sont ensuite allées à l’hôpital et ont donné l’image à la femme malade. Alors que celle-ci était encore en train de lire la prière, le médecin est arrivé avec les résultats des dernières analyses et a dit bouleversé : " j’ai dû me tromper, refaisons ces analyses ". Après une demi-heure il revient avec les mêmes résultats en main et dit : " écoutez, vous avez le droit de parler de miracle. Vous pouvez rentrer chez vous ". " Qu’est-ce que vous voulez dire ? " " Vous pouvez rentrer chez vous, vous êtes guérie ! ". Comme commentaire à cet épisode don Giussani attirait l'attention sur le fait « qu’un tel épisode n’a pas eu lieu il y a deux mille ans pour une veuve de Nain, mais maintenant ». Et il ajoutait : « derrière tout ceci, se cache le tir plus " sournois " que Dieu lance à l’homme ».

Le pèlerinage au tombeau de saint Pampuri

Suite à cet épisode, Giussani a recommandé de prêter attention à ce jeune saint : « priez saint Pampuri, parce qu’il est spectaculaire. Essayez de vous imaginer : il est né dans notre campagne, il se confondait au milieu de toutes les autres choses, c’était un fil d’herbe comme tous les autres, une plante comme toutes les autres, un paysan comme tous les autres, un médecin comme tous les autres, un professionnel. Récitez donc quelques Gloire au Père à saint Pampuri car nous devons valoriser les saints que Dieu a créés chez nous, à notre époque. Nous devons l’invoquer : un Gloire au Père à saint Pampuri tous les jours » . C’est lui-même qui donnera le bon exemple : à partir de ce moment-là, l’église de Trivolzio dans laquelle est conservé le corps du saint deviendra une étape habituelle, il s’y rendra souvent en voiture depuis la maison de Gudo Gambaredo où il habitait.

Giussani a fait publier sur le numéro de Traces de février 1995 la lettre de Cristina Bologna, accompagnée d’un article sur la vie du saint. Soudain le curé de Trivolzio a commencé à recevoir des coups de fil provenant de partout : il s’agissait de gens qui demandaient l’horaire des messes et de prière devant les reliques du saint. « Grâce à Giussani « les gens arrivèrent depuis toute l’Italie et du monde entier pour honorer saint Riccardo », raconte don Angelo qui se souvient de leur rencontre en 1995 : « j’avais reçu un appel pour me prévenir qu’un prêtre devait venir célébrer une messe en l’honneur de saint Riccardo à 11h, je suis donc allé sur la place devant l’église pour l’accueillir et j’ai vu arriver Mons. Giussani […] Après avoir échangé quelques mots on aurait dit qu’il me connaissait depuis toujours. Il a célébré la messe et ensuite nous avons bu un café. » Les deux prêtres ont discuté longtemps, « puis il m’a demandé pourquoi je n’achetais pas la maison abandonnée au bord de la place pour en faire un centre d’accueil. J’étais perplexe, mais il m’a encouragé ».
Don Angelo se souvient aussi que don Giussani « est revenu plusieurs fois, presque tous les ans pour célébrer la messe et une fois […] même un mariage ».

Giussani a parlé à plusieurs occasions de saint Riccardo, en soulignant la proximité par rapport à sa propre vie : « Dieu au cours du temps produit Sa présence, le signe de Sa présence, à travers le miracle de la sainteté. Le miracle doit provenir de quelque chose de proche, qui se trouve à l’intérieur de notre horizon. Ainsi, Saint Riccardo Pampuri est né dans un lieu proche de Gudo : à Gudo, depuis le dernier étage [de la maison où Giussani habitait ; n.d.a.], on aperçoit Trivolzio ».
Et encore une fois il soulignait la proximité et la banalité de la vie de saint Pampuri : « Dans l’histoire de la grande amitié chrétienne, saint Riccardo se révèle comme un frère aîné, qui indique à notre vie pas encore épanouie et pourtant pleine du désir de sainteté, l’origine de ce qui compte vraiment : appartenir au Christ, et le chemin que cela ouvre, la séquelle envers Lui. Pour ce qui concerne les œuvres de saint Pampuri sa vie n’a rien d’extraordinaire bien que le nombre de personnes présentes à ses funérailles indique à quel point il a travaillé pour son entourage et avec quel amour ».

Ce qui touchait don Giussani c’est que saint Riccardo « n’est pas devenu grand pour le fait de s’être impliqué dans une lutte pleine d’énergie contre la réalité qui aurait inévitablement été destinée à une déception à cause du péché originel de nos ancêtres ». Au contraire, « il s’agit pour nous d’un témoignage éblouissant de ce que Saint Paul disait en parlant de soi-même : « si je vis maintenant dans la chair, je vis dans la foi au Fils de Dieu » (Gal 2,20). La vie humaine de saint Riccardo a été brève mais elle indiquera pour toujours le destin pour lequel nous sommes faits : reconnaître Celui qui est au milieu de nous, le visage plein de bonté du Mystère qui fait tout, présent ici et maintenant ».
Le 9 décembre 1995, au cours des Exercices spirituels des universitaires de CL, Giussani a recommencé à parler de saint Riccardo en lisant une lettre qu’il avait reçue de la part d’une étudiante. Pour soigner un cancer, elle avait été soumise à un cycle de chimiothérapie depuis plus d’un an, mais les choses avaient empiré progressivement. Suite à l’invitation de don Giussani, la jeune fille s’était rendue plusieurs fois à Trivolzio, pour invoquer l’intercession du Saint médecin : « le 2 novembre, jour de la fête des morts, j’ai été convoquée à l’hôpital ; après une longue attente une chambre s’était libérée, la greffe de la moelle épinière était donc imminente. Je n’étais pas tranquille car je savais qu’il s’agissait d’une opération difficile et douloureuse […] les infirmières m’avaient enfilé un chemisier et coupé les cheveux, il semblait que tout allait s’accomplir. Mille pensées se bousculaient dans ma tête mais une seule dominait : je priais Dieu de me faire partager Sa Passion, de ne rien gaspiller de ma vie. Je Lui demandais de pouvoir offrir ma vie pour vous don Giussani et pour mes amis. C’est à ce moment-là que j’ai ressenti une sérénité, une paix surprenante. J’avais peur de la douleur, de la mort que l’on percevait dans les couloirs de l’hôpital et dans les chambres stériles. […] Je désirais vivre ma disparition non pas avec désespoir mais comme un sacrifice. J’étais totalement confiante, il pouvait m’arriver n’importe quoi mais j’étais déjà sauvée car j’étais en relation avec l'Éternel. Maintenant que j’y pense, j’aimerais pouvoir vivre toute ma vie comme à ce moment-là. Je regardais mes mains, mes pauvres petites mains qui allaient être remplies de petits tubes et d’aiguilles, je regardais le visage de mon père souffrant mais doux. »

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« J’ai ensuite passé la matinée et l’après-midi à faire des analyses de tous genres, répétées plusieurs fois. Le soir seulement le verdict est arrivé, contre toute attente : il n’y avait besoin ni de dialyse ni de transplantation, « la moelle épinière avait de façon surprenante recommencé toute seule à se reproduire. C’était comme si mon corps, immobile et silencieux depuis plus d’un an, avait recommencé à fonctionner comme avant. " Ce sont des choses qui arrivent - disaient les médecins. Les traitements ont finalement fait leur effet ". Ça ne me suffisait pas ! Une telle réponse ne peut pas me suffire. Je les regardais bouleversée et incrédule. […] Il m’aime. Aujourd’hui encore je n’arrive pas à comprendre ce qui s’est passé, ou du moins je le sais, mais l’idée seulement me fait trembler. Et je suis inondée de gratitude ».
Une fois la lecture terminée, don Giussani a commenté : « Ces personnes, au cours de l’histoire de l’humanité et de notre histoire personnelle, sont l’objet d’une initiative particulière, inexplicable. Mais une voix, leur propre voix, proclame […] “Il m’aime”. […] Le miracle le plus grand c’est que nous sommes aimés. C’est ce qu’a ressenti notre amie […]. Vous êtes aimés. C’est le message qui arrive dans vos vies, que vous le vouliez ou non”.