Point de départ : l'expérience

il n’y a aucune autorité au-delà de celle que nous vivons déjà dans l’expérience

Cher Julián, ce que je ramène chez moi de ces exercices, c’est le jugement, la profonde conviction que je veux devenir un homme comme toi. Je veux avoir la même certitude totale au sujet des choses et de la rencontre que j’ai faite, mais surtout une joie aussi illimitée qu’entraînante. Je me sens conquis par une fascination jamais expérimentée auparavant. Avant d’aller à Rimini, un malaise continuel m’accompagnait depuis l’Équipe [rencontre internationale des responsables, ndt] de cet été : je savais bien quelle était ma route, mais il me semblait être toujours au point de départ. Même après tout ce que j’ai vu, je me disais : « Je suis comme tous les autres, comme ceux qui n’ont pas encore fait de rencontre, parce que comme eux je suis fragile, incertain, incapable d’avoir des certitudes morales. » Mais ton insistance au sujet de l’expérience m’a touché : après m’avoir mis à nu, dans tout mon besoin, en me révélant que ce besoin n’était pas seulement le mien, tu es revenu à l’expérience en tant qu’unique chemin humain de vérification. Comme tu disais, je suis vraiment en train de vérifier qu’ « il n’y a aucune autorité au-delà de celle que nous vivons déjà dans l’expérience ». S’ouvre maintenant pour moi un chemin incroyablement réaliste, et donc profondément humain, parce que c’est ma vie qui en est le point de départ.

Lorenzo, Milan