Depuis 2 ans, depuis que Nabil a commencé à être malade, j'ai été habitée par toutes sortes de questions.
Pourquoi lui à 22 ans ? Pourquoi cette maladie que les médecins ne comprennent pas ? Pourquoi le fils de ma sœur déjà si éprouvée ? Pourquoi ces symptômes si difficiles à vivre au quotidien, paralysies, troubles du comportement ? Pourquoi cette pénurie de foyers pour handicapés de ce type ? …
Mais aussi … Pourquoi les amis le regardent-ils ainsi, comme quelqu'un qui leur est précieux? Pourquoi me proposent-ils de venir avec lui aux vacances ? Pourquoi ne pas demander l'impossible ? Pourquoi Nabil demande-t-il à être baptisé ?...
Aujourd'hui, cela fait 10 jours que Nabil est mort.
Il y a 3 semaines, Nabil a été baptisé. Ce jour-là, on ne se doutait pas qu'il ne lui restait que peu de temps à vivre. Ce jour-là, nous étions une dizaine à l'entourer, dont une amie du mouvement qui avait pris le train à 6h du matin un jour de semaine pour être là au baptême de ce grand gaillard de 24 ans en fauteuil roulant.
Quel mystère ! Les premiers « pourquoi » se heurtent aux seconds.
La réalité est qu'il a été baptisé, jusqu'au bout il a dit oui lorsqu'on évoquait son baptême. La réalité est que l'impossible que je demandais, sa guérison physique, était autre, autrement belle.
Beaucoup ont prié. Beaucoup ont été touchés par lui. A chacun je dis merci, très sincèrement. Je pense à l'exposition sur la foi, tout est vraiment une question de regard.

Odile, Toulon