« Il avait l'humanité que je cherchais »

L'intuition initiale d'un bien pour moi s'est transformée en un travail personnel né en regardant un homme qui a vécu de façon humaine sa rencontre avec Jésus

L'année dernière, lorsque l'état de santé de notre ami Dionino (un Memor Domini, NdR) s'est dégradé, on m'a demandé si j’acceptais de faire le lien entre les médecins de Londres et ceux qui le suivaient en Italie. J'ai accepté en raison de l'intuition d'un bien pour moi. La proposition pouvait sembler simple, mais ce fut un travail très engageant du point de vue physique. Il y avait par exemple deux heures de trajet pour aller le voir (et autant pour le retour). Je ne connaissais pas beaucoup Dionino. La première fois que je suis entrée dans la maison, je l’ai trouvé allongé sur son lit de mort, s’efforçant de maintenir toute sa dignité d'homme. Cela n'a pas été simple au début parce que Dionino me posait de nombreuses questions, tant sur le plan médical sur le plan personnel, questions auxquelles je devais répondre honnêtement. J’ai souvent voulu éviter ce moment, mais ce simple dialogue hebdomadaire m'a obligée à faire un vrai travail. J'ai compris que pour lui faire face, je devais avant tout être sérieuse et honnête avec moi-même. Je ne pouvais pas m'échapper, je ne pouvais pas lui dire des demi-vérités. Il avait besoin de loyauté et de sincérité. C’est ainsi que j’ai marché à ses côtés, pendant qu’il avançait et se préparait à voir Jésus, et en le suivant, je me suis retrouvée moi-même. Je me suis rendu compte que je ne pouvais pas faire moins que de continuer à le regarder, parce que son humanité était la même que je désirais et recherchais. Dionino, à travers son expérience, m'a aidée à réveiller le désir d'être vivante, d'être humaine et vraie avec moi-même. Cette grande affection réciproque est devenue une vraie familiarité parce que nous avons partagé la même tension vers le Destin. L'affection s'est élargie aux autres Memores de la maison, et cela a même fait refleurir le rapport avec mon fiancé et avec mes autres amis. L'intuition initiale d'un bien pour moi s'est transformée en un travail personnel né en regardant un homme qui a vécu de façon humaine sa rencontre avec Jésus. Et le travail personnel est devenu un jugement solide, même en ayant dû passer par sa mort. Il est vrai qu'en accompagnant quelqu'un vers la mort, il y a la possibilité de regagner la vie. Aujourd'hui, dans la lutte quotidienne, il est facile de rester bloqué. Mais ce qui a rendu cette année aussi extraordinaire, ce ne sont pas les circonstances difficiles et dramatiques, mais le fait que j'ai appris à aimer plus Jésus en suivant un homme qui voulait aller L'embrasser. Ainsi, j'ai appris à m'aimer moi-même, mon humanité et tout ce qui m'entoure.

Giulia, Londres