Le don le plus beau est au-delà des schémas

Le pape a vraiment raison quand il nous dit de « sortir » de nos schémas et d'aller à la rencontre des autres : avec Lui, de grandes choses se produisent

Cher père Julián, un dimanche, alors que je regardais l'angélus à la télévision avec Maddi, ma fille de quatre ans, le pape a fait réciter un Je vous salue Marie pour les populations des Philippines touchées par le typhon. Ma fille m’a alors m'a posé des questions, et c'est comme ça qu'est né en moi le désir de proposer à l'école maternelle un geste simple de collecte de fonds à envoyer à l'AVSI (Association des Volontaires pour le Service International, NdT). J'étais animée par le désir de m'éduquer pour que la réalité ne me soit pas indifférente. C'était donc d'abord le problème de mon humanité : c'est pour cela que je pouvais le proposer à ma fille et à son école. Cette demande naissait en même temps de la présence du Seigneur dans ma vie et du désir de vérifier si cette Présence qui m'avait surprise à ce point, et dont je comprenais qu'elle m'appelait à ce moment-là, pouvait « tenir ». La réponse des maîtresses a été surprenante : le conseil de direction a bouleversé ses plans et décidé que cela deviendrait le geste de Noël, considérant que c’était une grande occasion non seulement éducative – pour faire l’expérience de la beauté du don – mais aussi pour créer un réseau d'amitié entre les familles. Les maîtresses voyaient dans une expérience de ce type une possibilité d'unité entre les familles au-delà de la croyance religieuse et de la culture. Elles m’ont fait part de leur étonnement parce qu’aucun parent n’avait jamais fait une telle proposition. Concrètement, une vente de bienfaisance des travaux réalisés par les enfants a vu le jour, et nous avons reversé la recette à l'AVSI. Lors de cette initiative – que nous avons appelée « Le don le plus beau » – de grandes choses se sont produites : les parents ont donné gratuitement de leur temps pour nous aider, les maîtresses ont œuvré avec passion et les enfants ont compris l'importance de ce que nous faisions. Nous avons recueilli beaucoup d'argent. J'ai été étonnée par l'amitié qui est née avec ceux qui nous ont le plus aidés : parmi eux il y avait une maman, athée, qui nous a parlé de sa recherche de signification et qui s'est beaucoup dépensée. C'était passionnant de chercher à donner ensemble un jugement dans les diverses circonstances qui se produisaient, dans une confrontation parfois aussi très critique, mais belle, parce qu’elle naissait d'une estime réciproque. Il y a aussi eu cette dame qui a écrit un mail très polémique à la directrice par rapport au choix de l'AVSI, et qui demandait que l'argent soit reversé à une association laïque et super partes. Cela a été l'occasion pour juger plus profondément le sens de l'expérience que nous avions faite : nous avons proposé à cette dame de s'impliquer avec nous. La tentation était grande de débattre de manière dialectique, avec des arguments qui pouvaient même être justes, mais nous avons compris que ce n'était pas cela la chose intéressante, parce que ce n’est pas comme cela que nous avons été traités par le Mystère. C'est ainsi qu'une confrontation vraie a été possible avec cette dame, parce que nous avons reconnu en elle un cœur vivant, et donc une positivité de fond, au-delà du fait d'être d'accord ou pas avec ce qu'elle disait. Nous avons donc décidé de donner une petite partie de la recette à une association que cette dame avait proposée, et elle a fini, un peu surprise, par collaborer avec nous en nous aidant à finaliser l'affiche pour la proposition et en acceptant d'être appelée pour de futures initiatives. Le pape a vraiment raison quand il nous dit de « sortir » de nos schémas et d'aller à la rencontre des autres : avec Lui, de grandes choses se produisent.

Giuditta