Aujourd’hui a été mon premier jour de “vraie caritative”, à la Banque alimentaire. Je ne voulais pas participer à ce geste caritatif pour faire plaisir à un ami ou pour « donner du temps gratuitement pour le mouvement », mais je désirais que ce soit un geste de réel partage d’un besoin. Pour le dire avec de grands mots, je dirais que je désirais « toucher la chair du Christ ». J’ai été affecté au tri des déchets, ce qui signifie que je devais récupérer tout ce que les supermarchés jetaient : nourriture quasi périmée, confections abîmées, conserves bosselées, bouteilles isolées « non vendables isolément » etc. Bref, il faut ouvrir des cartons, examiner les produits qu’ils contiennent un à un, enlever les sachets (qu’il faut récupérer), examiner l’intégrité et la date de péremption des produits, contrôler si le couvercle fait « clic »… Si une boîte est abîmée, il faut essayer de la remettre en état avec du scotch et la mettre dans une autre boîte pour la reproposer, avec d’autres, selon un certain ordre. Sans cela, ces produits partiraient à la poubelle. Une femme d’un certain âge, qui ne fait pas partie du mouvement, m’a tout expliqué pas à pas et m’a beaucoup aidé : en substance, la règle est de « traiter tout produit avec dignité ». Quand je n’étais pas sûr de ce qu’il fallait faire, je lui posais la question. À un certain moment, elle m’a dit : « J’aime que tu poses des questions, parce qu’il y en a beaucoup qui croient déjà tout savoir ». Elle a une passion pour les enfants et chaque fois qu’elle trouvait un petit pot pour bébé elle disait : « Ça, c’est pour mes petits », c’est-à-dire pour des bébés qu’elle ne verrait évidemment jamais. C’est ainsi que j’ai commencé à penser aux personnes qui recevraient ces produits, que j’ai compris que je devais les traiter comme j’aurais voulu les recevoir. Et je me suis dit que Dieu fait de même avec chacun de nous : Il nous prend un a un, avec toutes nos bosses et nos dates de péremption, Il nous prend dans ses mains et nous récupère, il nous redonne la vie et nous avons à nouveau un destin bon.

Stefano, Vérone