Voilà ce qui m'attendait derrière les barreaux

Le cœur de tout homme attend quelqu’un qui soit passionné pour son destin, quelqu’un qui lui fasse compagnie pour que la vie soit un peu plus heureuse

Samedi dernier, je suis allé rendre visite à Luigi, un jeune de vingt-et-un ans que j’ai connu à Nisida – l’institut pénal pour mineurs de Naples – où je coordonne depuis plus d’un an un laboratoire d’édition. Il est désormais détenu à la prison de Bollate, à côté de Milan, parce qu’il doit encore purger une peine d’une dizaine d’années. Cela a été rendu possible grâce à des amis (que je ne connaissais pas jusque-là) qui font du volontariat et vont régulièrement le voir en prison. Quand je suis arrivé à la prison et que Fabio, le responsable des volontaires, a fait les présentations, j’ai été accueilli par des « Enfin nous te connaissons ! Luigi ne fait que parler de toi ». Le temps de prendre un café, de dire une prière et de passer les contrôles et nous avons pu entrer. Bollate est une prison avant-gardiste : les cellules sont ouvertes huit heures par jour et le lieu est propre et ordonné… mais cela reste une prison. J’ai attendu Luigi au poste de garde de son secteur. Il ne savait pas que je venais lui rendre visite, et quand il m’a vu, il m’a aussitôt demandé de l’attendre un instant. Il est revenu peu après avec un thermos de café : « C’est la seule chose que je peux t’offrir ! » Nous avons passé la matinée ensemble. Il m’a posé beaucoup de questions et il m’a annoncé qu’il fréquentait l’école hôtelière. Cela lui plait beaucoup malgré l’exclusion dont il est victime, parce que ceux de son secteur sont considérés comme « infâmes ». Nous avons parlé du présent et du futur. À un certain moment, il m’a dit : « Ce qui me rend heureux, c’est que toi, depuis que nous nous connaissons, tu ne m’as jamais laissé seul ». Un très bon ami m’a rappelé récemment que « le cœur de tout homme attend quelqu’un qui soit passionné pour son destin, quelqu’un qui lui fasse compagnie pour que la vie soit un peu plus heureuse ». Moi non plus, je ne suis pas seul ! Et pas parce que j’ai des amis qui disent ce que j’ai envie d’entendre, mais parce qu’un Autre est avec moi. J’en ai fait expérience en étant avec Luigi. Je fais continuellement l’expérience de cela dans la compagnie des amis qui me font faire mémoire de Lui. Ainsi, que ce soit en prison, au travail, avec ma femme ou mes enfants, dans la rue ou au bar pour prendre un café en vitesse, j’ai la possibilité de découvrir et de surprendre que je suis fait du Mystère qui fait toute chose, qui me fait moi aussi continuellement.

Giovanni