Le centuple ici en excursion avec la classe

Le témoignage comme rencontre indique, pour le Pape, une proximité personnelle, affective et gratuite, qui ne prétend rien, qui ne désire rien, rien si ce n'est le bonheur et le bien de l'autre

Parmi les nombreux articles de Traces accompagnant la première année du Pontificat de François, il en est un qui m'a particulièrement frappée : « Une façon d'être dans le monde » de Massimo Borghesi. A un certain moment il écrit : « Le témoignage comme rencontre indique, pour le Pape, une proximité personnelle, affective et gratuite, qui ne prétend rien, qui ne désire rien, rien si ce n'est le bonheur et le bien de l'autre. La rencontre est une façon d'être qui, dans un monde anonyme et confus, rend le visage du Christ présent, le regard plein de tendresse du Christ pour tout homme. » En partant en voyage avec mes étudiants d'avant dernière et dernière année du lycée, j'ai essayé de m'identifier à cette façon d'être que le Pape François nous montre, en particulier avec les jeunes de l'école qui depuis leur confirmation, ne fréquentent ni la paroisse, ni l'oratoire, ni les sacrements. Les regarder sans les juger, sans prétention, en désirant uniquement leur bien, leur bonheur, sans renoncer à témoigner de la beauté que j'ai rencontrée et de l'expérience chrétienne que je suis en train de vivre. Quel beau pari ! La stupeur dans leur regard a ouvert leur cœur à de nombreuses questions : « Pourquoi es-tu devenu prêtre ? » ; « Mais toi, c'est vrai, tu n'as pas de copine ? Tu ne tombes pas amoureux ? » ; « Pourquoi es tu si fidèle sans perdre les pédales ? » ; « Comment puis-je comprendre ma vocation ? ». Même dans les moments libres, au déjeuner, en faisant du shopping, ils me demandaient de rester avec eux pour me présenter à d'autres amis d'autres classes. C'est ainsi que transgresser l'interdit n'était plus nécessaire pour s'amuser. Une fois rentré, alors que je priais les Vêpres, en confiant encore une fois leurs vies et leurs désirs les plus grands et les plus vrais à Dieu, je me suis retrouvé à remercier le Père pour l'amour qu'il m'avait réservé par ces visages. Et, alors que je recevais des messages d'affection et de remerciements de leur part, je n'ai pu que penser au Christ qui disait : « Et celui qui aura quitté, à cause de mon nom, des maisons, des frères, des sœurs, un père, une mère, des enfants, ou une terre, recevra le centuple » (Mt 19,29). Voici une partie du centuple que le Père venait de me donner : sa bonté et son amour, à travers la vie de ceux que nous appelons « les jeunes qui se sont éloignés ».

Don Carlo