Depuis un an, avec un petit groupe d’amis, nous avons fondé la Coopérative sociale 153 Onlus [Org.Non Lucrativa di Utilità sociale] pour la gestion de l’entreprise agricole qui se trouve à l’intérieur de la prison de Pérouse et qui donne du travail aux détenus. Nous nous occupons de produire des légumes en serre et dans les champs : fruits, oliviers… De plus nous avons aménagé non seulement un élevage de poulets fermiers mais également un abattoir. Lundi nous avons pensé proposer à toute la population de la prison un concert de la chorale de la communauté. La vraie raison était celle d’offrir quelque chose de beau à ces 400 prisonniers, afin de leurs dire qui on est et de quelle expérience on vient, puisqu’avec certains d’entre eux nous avons commencé un dialogue lié à la lecture de Traces. Le lendemain du concert, je me suis rendu à la prison pour des rendez-vous, et dès que je suis rentré j’ai été littéralement “assailli”! Les éducateurs, les gardes, le personnel administratif m’ont raconté que les prisonniers étaient indiciblement enthousiastes du concert. La responsable du secteur de réinsertion m’a fait savoir qu’en quarante ans elle n’avait jamais assisté à un pareil silence parmi les détenus. On m’a dit qu’ils se sont extasiés notamment en écoutant les chansons napolitaines, qu’ils avaient demandé le bis à plusieurs reprises, et qu’à présent ils demandent que la chorale revienne les voir. Ceci me fait comprendre deux choses. La première est que les choses arrivent, l’Evènement arrive, là où l’homme est blessé. La blessure est notre force : notre désir grand ouvert sur la vie est notre plus grand allié. Pour l’homme blessé, et conscient de sa faute, avec un cœur à la recherche d’une espérance pour recommencer, il est facile de reconnaître l’accent de la Beauté. La deuxième chose est que le monde entier désire voir la Beauté, la Résurrection, donc il nous est demandé de le hurler au monde.

Michelangelo