Moi, fier d'être athée face à ce « Père »

Un soir d’hiver de la seconde année de lycée, ma mère me demanda si je me sentais bien ; je lui répondis que non, que je n’étais pas heureux

Cher don Julián, j’ai 17 ans et je sors d’une famille qui, pour diverses raisons, vit loin de la foi et de l’Église depuis tant d’années, et jusqu’en troisième année de collège cela m’a fortement influencé, si bien que j’étais « fier » de m’afficher comme athée. Mais au cours de ma scolarité de collégien, il m’est arrivé de rencontrer un professeur de religion, le père Marcello. En sixième déjà, j’avais vu en lui une chose que ni mes parents, ni les autres professeurs, ni moi-même ne possédions, mais que je désirais ardemment pour moi. Sa façon d’entrer en classe, de faire l’appel, de nous interpeller, sa façon de répondre à mes demandes était pour moi tout à fait neuve et intéressante. Ce professeur avait quelque chose qui me manquait, que je lui enviais et que je désirais. Lors d’un déjeuner avec lui et d’autres compagnons, je l’ai remercié pour ces trois années magnifiques, mais lui m’a embarrassé en me lançant : « Ce n’est pas moi que tu dois remercier ». L’été passa et ces paroles ne me quittaient pas, je les avais encore en tête quand j’ai débarqué dans le monde du lycée : un monde nouveau, de nouveaux compagnons, de nouveaux professeurs, et pourtant je repensais toujours à mon professeur de religion, et chaque jours je me disais qu’il fallait que j’aille le trouver. En attendant, je m’éloignais toujours plus de l’Église pour suivre avec intérêt des activités du Collectif politique, dans l’espoir de trouver une réponse à la demande de bonheur qui me brûlait. Finalement mon avant dernière année de lycée et l’été passèrent, mais au lieu de guérir la plaie s’envenimait. « Pourquoi rien ne semblait me satisfaire, pourquoi les amis ou l’école ou les choses qui m’intéressaient ne me rendaient-ils pas heureux ? ». Un soir d’hiver de la seconde année de lycée, ma mère me demanda si je me sentais bien ; je lui répondis que non, que je n’étais pas heureux. « Michi, tu te prends trop au sérieux ». Sur le moment sa réaction me glaça le sang, je la haïssais. Mais aujourd’hui, deux années plus tard, je la remercie, car grâce à ces paroles je suis finalement retourné chez mon professeur de religion. Lui se rappelait de moi et m’invita à quelques repas et rencontres, les « raggi », où je rencontrais des gens qui se prenaient au sérieux et étaient quand-même heureux : c’est à ce moment que j’ai commencé à comprendre que le Christ pouvait être une chose intéressante pour moi, qui me correspondait. Aujourd’hui deux années se sont écoulées depuis mon retour, mon premier « oui » au Christ, et tant de choses ont changé depuis lors. Comme moi j’ai changé ! Moi qui prie, qui va à la messe, qui me confesse : s’était impensable il y a quelques années ! Et la caritative, Gs, le Triduum, les petites vacances, l’Angelus chaque matin, tout, vraiment tout est pour moi et pour mon bonheur. Depuis quelques mois j’ai entamé avec le père Marcello la préparation à la Confirmation que j’ai hâte de recevoir pour être encore plus à Lui, pour pouvoir crier encore plus consciemment, au milieu de toutes les confusions et de toutes les fatigues : « Si je ne t’appartenais pas, mon Christ, je me sentirais une créature perdue ».

Michelangelo, Corsico (Milano)