Professeur, mais est-ce que cela continue après?

Les moments les plus “faciles” ont été ceux que j’ai vécu avec mes élèves, parce que avec eux je suis obligée d’être vraie, pas question de fuir, mes élèves ont faim de vérité et de beauté

En parlant avec quelques collégiens de troisième, je me suis rendu compte de l’importance de l’examen pour eux et combien de préoccupations et d’attentes ils sont en train de vivre. Je leur ai demandé s’ils croyaient que ce serait une belle chose de rencontrer l’un ou l’autre prof pour préparer l’examen ensemble. Ils étaient tous d’accord et en un minimum de temps nous avons imprimé des tracts pour inviter leurs compagnons de classe. J’appelle Laura, Loredana et Dana, professeurs d’italien et de mathématique. Toutes sont disponibles. Le samedi les jeunes arrivent ponctuels, j’en connais deux, les quinze autres je ne sais pas qui ils sont. On forme deux groupes qui se consacrent l’un aux épreuves, l’autre à l’exposé oral. Je les observe ; comme ils sont attentifs et sérieux. Pause pour le déjeuner, on joue un peu et puis c’est reparti pour les maths. Je suis étonnée de voir une sympathie et un lien qui de minute en minute se renforcent, totalement fortuitement, si bien qu’à la fin Mikael me dit : « Mais est-ce que cette chose continue ? ». Je le regarde avec tendresse, moi aussi je désire que cela puisse continuer. « Si tu veux, nous irons cet été en vacances à Cervinia avec un beau groupe de jeunes du collège, il se nomme les Cavalieri ». Je leur explique un peu ce que c’est. Il me répond: « Moi je suis musulman, mais je demanderai à ma maman si je puis venir avec vous ». On se quitte avec ma promesse de se revoir bientôt, surtout pour savoir comment s’est passé l’examen. Le soir Laura, la prof d’italien, qui est tombée malade l’année passée, m’a envoyé un mail : « Merci de m’avoir invitée, depuis que je suis malade, les moments les plus “faciles” ont été ceux que j’ai vécu avec mes élèves, parce que avec eux je suis obligée d’être vraie, pas question de fuir, mes élèves ont faim de vérité et de beauté ! Les aider à étudier comme on l’a fait ce matin est donc une bonne chose ».

Monica