Je suis partie pour Chartres avec l’attente que quelque chose allait se passer, avec la conscience que quelque chose allait arriver, sans que je puisse imaginer quoi.
Depuis presque 30 ans, nous commençons l'année par le pèlerinage de Chartres. Je connais bien la route ; nous ne changeons rien à l'itinéraire, ni à la conduite de ce geste. La nouveauté peut venir du temps qu'il fait, de notre bonne ou mauvaise forme ce matin-là, et aussi des méditations à chaque étape.
Je peux vivre ce geste comme une habitude… "Oui, ça s'est bien passé, oui, il a fait beau, oui, c'est beau…" Je peux même oublier ce que j'ai vécu durant ce pèlerinage.

On se découvre à la descente du train à Jouy et on se met en route.
Ce qui s’est révélé plus vif et surprenant pour moi, cette année, c'est le fait que nous marchions vers la Cathédrale - parce que j'attends tellement à chaque fois de voir apparaître la Cathédrale !
Ensuite que nous marchions ensemble.
C'est évident : aucun d'entre nous ne se serait levé ce matin et n'aurait pris ce chemin, seul.

Puis, durant le chemin, la fatigue venant, on met un pied devant l'autre, on suit celui qui est devant, on est poussé par celui qui est derrière, on avance, entraîné, porté par la marche des autres.
C’est ainsi que j'ai vu tout le chemin de ma vie. Nous nous pensons si facilement seul, nous nous pensons avec tout ce qui nous sépare les uns des autres.
Sur ce chemin de Chartres, j'ai vécu tout notre « être ensemble », ici, et dans toute l'histoire de ma vie qui me porte ici.

Tout cela, parce que nous allons vers la Cathédrale, la Demeure que Dieu construit pour nous et en nous. Pour que la conscience du but, du pourquoi, ait la même force surprenante, la même splendeur que cette Cathédrale de Chartres devant nous.

Marie-Michèle, Paris