Je suis en train de faire face à une insatisfaction qui m’habite depuis la première semaine d’école. J’avais démarré avec un grand enthousiasme, plein de passion et d’intérêt, mais au fil des jours je me suis aperçu que cela n’est pas suffisant pour recommencer. Le fait que j’aime la matière que j’enseigne et que j’aime mes étudiants s’avère insuffisant. Soudainement, un jour, dans la classe il y a eu une discussion. On parlait de l’histoire, de comment expliquer le XXe siècle et j’affirmais mon incertitude. Face à moi une fille avec une demande irréductible, fragile et forte en même temps, m’a demandé de pouvoir faire un chemin de connaissance : ce qui l’intéressait était de se connaître mieux elle-même. J’ai été frappé par son insistance : je voulais planifier l’année et en avais toutes les raisons, elle par contre, elle cherchait. J’en ai eu un contrecoup qui a fait commencer quelque chose de nouveau en moi. Avant il y avait mon intérêt, mon amour de l’enseignement, mais moi, j’étais absent à moi-même, pas à la recherche de quelque chose pour moi. Et c’est avec le visage de cette fille dans les yeux que j’ai commencé à rentrer dans la classe non pas pour déverser sur les étudiants quelque chose de bon pour eux, mais pour chercher moi aussi ce qu’ils cherchent.

Gianni, Abbiategrasso (Milan)