Fête de fin d'etudes

Je ne veux pas perdre cette nostalgie, car elle est source d’une mémoire constante qui me permet de ne pas de vivre au rabais

Cher don Julián, en juillet mon fils Marco a terminé ses études universitaires. Tout s’est très bien passé: il a rapporté la note maximale. A la soutenance de mémoire beaucoup d’amis étaient présents, nous avons fêté à la maison, tout s’est passé mieux qu’on n’aurait pu l’espérer… Et pourtant, depuis ce jour-là je ressens dans le cœur un “gouffre incomblable”. J’ai essayé de ne pas y donner trop de poids, mais ça remonte, en guise de nostalgie profonde qui me saisit physiquement, au point que j’en ressens un nœud à la gorge. J’ai besoin d’un bonheur qui va au-delà. Percevoir cette nostalgie de manière si intense, surtout quand les choses vont bien, m’a causé un contrecoup inattendu. J’ai passé un bel été, j’ai visité de beaux endroits. Je suis partie deux jours à Cortona avec mon mari, au monastère des bénédictines cisterciennes, où nous avons une amie qui est sœur cloîtrée. J’ai été au Meeting, mais ce “trou” ne part pas. Au contraire, je te dirais plus : je ne veux pas le perdre, car il est source d’une mémoire constante qui me permet de ne pas de vivre au rabais, elle me permet un vrai goût différent, je vois les choses avec plus de couleur. Nous avons recommencé l’école et quelque part je suis pleine de trépidation comme si c’était la première année d’enseignement (je suis prof depuis trente ans). L’année sociale a recommencé, avec l’inévitable fatigue, les limites, les petites et grandes douleurs, mais la nostalgie dont je t’ai parlé est toujours vivante. Sa nature est bien différente de celle du désir que les choses aillent bien.

Brunella, Bollate (Milan)