Un week end qui fortifie notre amitié et notre communion

Peut-être avons-nous besoin de faire des centaines de kilomètres pour mieux nous regarder, mieux nous apprécier

François nous avait parlé d’un week-end que l’on devrait organiser pour les jeunes lycéens. Nous avons envisagé cela en Juillet pour la Toussaint. Mais plus cette rencontre se précisait et plus il était évident que c’était une folie : rassembler un nombre étonnant de jeunes (35 en tout) de Bordeaux, de Toulon, de Tours, de Paris et d’Italie pour trois petits jours, dans le château de Huisseau-sur-Mauve (près d’Orléans) tombé du ciel entre les mains de Silvio, oser l’avion et le minibus, oser une visite de la cathédrale Sainte-Croix d’Orléans sans l’avoir jamais vue, ressortir ma présentation de Rimbaud au cas où, par temps de pluie… oser une randonnée à vélo sans connaître la vérité du parcours : 80 km prévus ! (la moitié seront finalement faits), oser proposer une messe à tous même aux musulmans, en toute liberté, oser des jeux : « attention, l’herbe est trempée, prévoyez une paire de chaussettes sèches pour préserver le parquet tout juste ciré ! » (Je reconnais que je n’ai pas compris cette consigne).
Nos corps et nos nerfs d’adultes bien mûrs ont été mis à rude épreuve à chaque seconde. Mais l’angoisse était née chez moi longtemps avant, pendant l’organisation, et faisait de ce week-end comme une immense tour infranchissable qui bouchait mon horizon : comme si le temps s’arrêtait là…
Alors pourquoi cette joie ressentie dès les premiers moments en compagnie de ces adolescents ? Pourquoi cette envie de rire à chaque seconde ? Pourquoi ce bonheur de revoir mes amis ? Mais eux, pourquoi me regardent-ils ainsi ? Pourquoi me serrent-ils dans leurs bras alors que je suis si faible et si peu courageuse ? Alors que je n’ai même pas touché une casserole de tout le séjour ?
Je sais maintenant pourquoi je suis venue : pour tout cela, pour l’attention et la confiance de ces amis, pour la promesse faite aux jeunes et la force que cela leur donne que nous soyons tous ensemble, surtout pour cette joie mystérieuse de la rencontre…Mon cœur humain a soif de cela, de l’autre inconnu et si différent. Et peut-être avons-nous besoin de faire des centaines de kilomètres pour mieux nous regarder, mieux nous apprécier. Rien n’a été plus fort que notre amitié et notre communion ce week-end là : ni le froid ni la pluie, ni l’angoisse ni les maux de tête, ni les fausses notes. Rien. Nous ne pouvons pas le nier. Nous ne pouvons pas l’oublier. C’est un fait. Nous l’avons vécu dans notre chair.

Valérie, Toulon