Quelqu’un t’attend

Je suis revenue seulement parce que vous m’avez dit que vous m’attendiez ; cela, personne ne me l’avait jamais dit

À la sortie des messes, nous avons organisé la vente de la revue Traces. Nous avions préparé un stand pour l’apéritif, et une tente où l’on pouvait s’arrêter pour regarder la vidéo des 60 ans du Mouvement Communion et Libération, qui tournait en boucle. Je prends le premier tour, après la messe de huit heures, à laquelle participent en général des personnes d’un certain âge, mal réveillées. Je vais donc à la rencontre d’une dame âgée et lui propose d’acheter la revue mais, à vrai dire, sans trop entrer dans le détail. Elle se tourne vers un étal de fleurs et me dit qu’elle veut d’abord aller y faire un tour. Je lui réponds : « Ne vous inquiétez pas, Madame, je vous attends ». Je rencontre d’autres personnes et, tout à coup, mon regard croise celui de la dame, près de l’étal de fleurs. Se sentant probablement interpellée, elle me dit qu’elle n’a pas d’argent et doit en demander à son mari. De nouveau, je lui dis : « Ne vous inquiétez pas, Madame, je vous attends ». Après une poignée de secondes, je la vois revenir : « Écoutez, je ne sais pas qui vous êtes et je ne sais pas ce qu’est cette revue que vous me proposez. Je suis revenue seulement parce que vous m’avez dit que vous m’attendiez ; cela, personne ne me l’avait jamais dit ». Je me suis rendu compte que je pouvais dire à quelqu’un de totalement inconnu « Je t’attends », en me souvenant et en ayant conscience qu’un Autre, chaque jour, en toutes circonstances, demande et attend mon « oui ».

Sara, Cassano Magnago (Varèse)