Après le 7 janvier dernier, j’ai passé presque trois jours scotchée à la radio et à Twitter. J’étais chez moi et j’ai reçu un message de ma mère qui me disait : « Il y a eu une fusillade à Paris, fais attention ». Comme presque tout le monde, j’avais besoin de comprendre. J'ai dû lire plus de 200 articles sur le sujet et j'ai été débordée par la quantité d’information. Je n’avais pas peur pour ma vie, même si j’étais un peu mal à l’aise quand je prenais le métro. Toutefois, j’avais une grande préoccupation : et si ce n'était que le début ? Notamment après les attentats du jeudi, je me réveillais chaque matin avec la question : « Et aujourd’hui, où cela va-t-il se passer ? » J’étais et je suis très inquiète pour Paris, pour la France, pour l’Europe, pour l'Occident.

La ville est pleine de militaires armés, pleine d’affiches de soutien à Charlie Hebdo.
Je suis étudiante en Droit, et certaines questions relatives à la politique, à la société, à certains droits, m'ont frappée au point de m’enfermer dans l'étude académique et sociologique d'auteurs tels que Michel Houellebecq ou Gilles Kepel, ainsi que certains journalistes. Mais malgré mon besoin de comprendre, je n'ai pas trouvé réponse à mes questions à travers eux.
Mercredi soir, je suis allée à la messe à Saint-Germain-des-Près. Le prêtre était triste, ne sachant presque que dire, et après l’Évangile, il nous a demandé de prendre quelques minutes de silence en demandant que le désir de paix puisse naître dans le cœur des hommes.
La veille, j'avais participé à l’assemblée du Mouvement, et un ami m'avait demandé quel rapport il pouvait y avoir entre l’Assemblée et les attentats, entre la lettre de Julián et les évènements ? Mais qu'est-ce que cela avait à voir ? Tout ! Ce n’était pas deux choses différentes. Il y avait un rapport : du besoin de voir où est mon soutien jusqu’au fait de vérifier si les forces qui changent l’histoire sont les vraiment les mêmes qui changent mon cœur. Sans naïveté, nous sommes devant une tragédie. Qu'est ce qui peut aider la société, Paris, mes amies, tout ce que j’ai autour de moi ? Est-ce ce même Fait qui m’a changée un jour au Lycée et qui me change continuellement ? J’étais un peu sceptique.
Quelle est ma mission devant un désir aussi impérieux ? Pour l’instant, j’ai envie de vérifier si vraiment, ce que disait Silvio est vrai : en aimant la réalité, c’est-à-dire ma fac, mes études, ce que j’ai devant moi, je réponds à ce à quoi je suis appelée.

Yara, Paris