« Je ne manque de rien pour être heureuse »

Bien qu’étant dans une circonstance qui ne semble pas le permettre, tout me parle : c’est plus dramatique, mais je peux respirer

Chaque mercredi, je dois faire une séance de chimiothérapie, et chaque fois, c’est une lutte. Quand les médecins me disent qu’il faut le faire, je commence à pleurer, car ce n’est pas évident d’accepter une chose dont on n’a pas envie : c’est une thérapie, donc c’est censé soigner, mais en même temps, on ne se sent pas bien. « Accepter qu’un Autre s’interpose entre moi et la réalité et rend possible mon rapport avec elle, est pour l’homme la chose la plus difficile qui soit » (don Giussani). Comme c’est vrai ! Mon expérience me dit que ce n’est possible que si on se rend compte que toutes nos tentatives et toutes nos résistances nous laissent seuls avec notre néant. Et c’est alors que mon besoin éclate, que finalement je demande, et que je découvre que je suis embrassée. Lors d’une séance, j’avais apporté avec moi le livre In cammino [En chemin, ndt]. J’ai commencé à le lire parce que tout devenait insupportable pour moi. « Plus on va contre ce qui va contre notre destin, plus on est libre. C’est pour cela qu’il ne faut pas craindre la fatigue. Plus on veut, plus on désire, plus on accepte la fatigue par amour du Christ, plus on est libre. La fatigue qui nous raidit peut être brisée. C’est en invoquant l’Esprit que vient cette force qui vainc toute raideur ». C’est comme si ce passage avait été écrit pour moi. J’ai prié et je me suis apaisée. Ma colère passée, j’ai commencé à parler avec les infirmières, à regarder les autres patients. Je m’étonne de voir comment les circonstances font émerger de plus en plus le besoin d’un regard sur moi qui déplace mon attention de la fatigue et de moi-même vers ce qui arrive. Comme ma mère qui a décidé d’aller voir le Pape après s’être éloignée de l’Église pendant des années. Bien qu’étant dans une circonstance qui ne semble pas le permettre, tout me parle : c’est plus dramatique, mais je peux respirer. Et c’est quand je me sens libre et aimée comme cela qu’il ne me manque vraiment plus de rien pour être heureuse.

Marica