Son nom est Islam et il est le père d’une famille musulmane que nous avons aidée par l’entremise de la Banque de solidarité. Un jour il me demanda de ne plus lui porter le paquet d’aliments parce que leur situation s’était améliorée, mais il ajoutait qu’il désirait rester avec nous. Aujourd’hui c’est lui qui, depuis deux ans, porte le paquet à un de nos amis ; lui un musulman et l’autre un catholique portent ensemble les aliments aux familles italiennes et catholiques. C’est un spectacle de les voir partir avec les paquets que nous leur avons confiés. À la mi-janvier Islam me téléphone pour m’annoncer la naissance de son troisième fils. Après l’avoir félicité, j’ai saisi l’occasion pour lui parler des événements de Paris : « Islam, que penses-tu de ce qui s’est passé ? » Sa réponse est nette : « C’est une affaire du diable, un musulman ne peut faire une chose pareille ». Je continue : « Ici à Ostra, dans cet endroit perdu du monde, les rapports réciproques ne sont pas comme ça ». Lui : « C’est vrai, nous nous estimons, nous nous respectons et nous nous aidons autant que possible ». J’enchaîne : « Moi et toi, nous sommes un signe nouveau, nous sommes en train de construire un monde nouveau, moi comme catholique, toi comme fidèle de l’islam ; ici, entre nous et vous se nouent des liens de plus en plus forts, autrefois impensables, la floraison d’une vie bonne ». Notre amitié s’est consolidée avec le temps et, depuis plus de deux ans il participe avec d’autres personnes aux rencontres mensuelles que nous faisons pour lire ensemble Traces. Il y a quelques jours, je lui ai proposé de venir à Rome pour l’audience du 7 mars avec le Pape. Il m’a dit : « Je viens ». Un autre couple musulman ira aussi à Rome avec ses enfants.

Gianfranco, Ostra (Ancona)