Voilà pourquoi je suis revenu chez celui qui me parle

On peut toujours revenir. Comme les publicains qui avaient besoin d’aller trouver le Christ parce qu’ils se sentaient (vraiment) regardés par Lui, moi aussi j’avais besoin que quelqu’un me reconnaisse

Cher Julián,
Il y a un mois, je me suis éloigné du mouvement car j’étais terriblement en colère. J’ai abandonné l’école de communauté et la caritative et me suis distancié de tous mes amis, sans la moindre explication. Je pensais qu’en éliminant le lieu qui te permet de regarder chaque chose, j’éliminerais aussi les problèmes. Je croyais qu’on m’avait fait du mal. En moi je ne voyais que des défauts et toutes les choses que je ne savais pas faire. Mes journées se passaient dans le vide et tout était appauvri par cette image que j’avais de moi-même. Par conséquent, les études aussi allaient mal. J’ai toujours été frappé par le passage du Le sens religieux où Giussani dit que l’homme est une unité, qu’il est indivisible. Tout dans ma vie était donc conditionné par le jugement que je portais sur moi-même. Je m’en prenais à Dieu et je l’accusais d’avoir fait une erreur en me créant. Quelques semaines plus tard on m’a invité à ton école de communauté du mercredi. J’ai décidé d’y aller uniquement pour éviter qu’on me fasse des sermons après-coup, pour qu’on me laisse en paix. Mais tout de suite une phrase est restée gravée dans ma tête : « je n’existais pas et Lui m’a créé ».
Cela a été pour moi une libération. Quand tu parlais, il me semblait que tu t’adressais à moi seul et que tu connaissais ma situation. Encore une fois, je me suis rendu compte que le Christ est toujours à l’œuvre, qu’il ne t’abandonne pas, même si tu lâches tout. « Avant tu n’existais pas, après tu étais là ». C’est très simple, mais rien n’est plus évident. Et puis j’ai pensé que si ce soir-là j’avais été ressaisi par Lui, cela voulait certainement dire qu’en me créant, Il m’a voulu tel que je suis. J’ai compris que le problème est d’être regardé, avec toutes tes limites et tous tes possibles défauts, sachant que tu n’es pas déterminé par eux, conscient de ton besoin infini. Ce soir-là je suis rentré dans mon appartement très euphorique. Mais je savais que cette euphorie serait vite passée sans un travail. Il fallait quelque chose qui me rappelât tous les jours mes exigences et mon besoin profond. Je me suis donc tout doucement rapproché, d’abord de l’école de communauté et ensuite de la caritative. On peut toujours revenir. Comme les publicains qui avaient besoin d’aller trouver le Christ parce qu’ils se sentaient (vraiment) regardés par Lui, moi aussi j’avais besoin que quelqu’un me reconnaisse. Á partir de ce moment tout a refleuri : le rapport avec les amis a repris, plus vrai qu’auparavant, dans mes études m’est venue une curiosité que je n’avais pas avant. Chaque circonstance est devenue pour moi l’occasion de rencontrer une nouvelle fois Son regard, afin qu’il devienne toujours plus mon regard. Il n’y a rien de plus important pour moi. C’est proprement vrai qu’Il renouvelle toutes les choses.
Il y a un mois, j’étais scandalisé, car toutes les certitudes qui avaient mûri en moi l’année précédente avaient disparues. Aujourd’hui, je suis plein de gratitude chaque matin car cette circonstance aussi, cette période la plus pénible de ma vie, m’a permis de me reprendre, de reconquérir toutes les raisons. Ce que tu dis du christianisme me touche toujours, notamment que si on a la prétention d’arriver à un point de calme plat, on devient une tombe. Pour moi c’était devenu cela, j’étais pris dans l’engrenage du formalisme, faisant tout par "devoir". Mais ça n’a pas duré. Je prie qu’Il ne me laisse jamais tranquille. Merci.

Marco