Un week-end qui m’a changée

Je ne savais pas ce qui m’attendait et je n’avais pas très envie d’y aller, mais je suis rentrée changée. Pour moi, ce week-end n’est pas la fin, mais seulement le début

Avec les GS de France, je suis allée passer un week-end dans une ferme à Grenelle. Le groupe était composé de 22 jeunes accompagnés par Isaure, Christophe, Clément (trois jeunes éducateurs), ainsi que par Jeff et François ; Silvio et deux papas, désireux de faire connaître à tous ce qu’ils ont rencontré, ont proposé ce week-end à leurs enfants et à tous ceux qui voulaient se joindre à eux.

Je ne savais pas ce qui m’attendait et je n’avais pas très envie d’y aller, mais je suis rentrée changée.

Nous nous sommes retrouvés à la gare le vendredi pour partir avec ces jeunes de différentes origines, la plupart fils d’immigrés de la banlieue parisienne : trois musulmanes, cinq se déclarent athées. Arrivés à la ferme, nous sommes accueillis par Jeff et François qui sont très amis : une amitié tellement fascinante qu’elle a attiré tout le monde. Cette amitié désirable se voyait à leur manière de nous proposer les activités, leur manière de jouer avec nous, comment ils commençaient la journée et nous préparaient à manger, au point de nous aimanter tous. Ce qui m’a frappé c’est que lorsqu’ils nous racontaient leur rencontre avec Jésus, à 16 ans, on voyait qu’ils revivaient cette rencontre et cela fascinait tout le monde. Nous nous sommes tous sentis regardés avec un amour et une paternité uniques, comme des personnes très précieuses.

Nous avons commencé le séjour par des jeux sur le pré : tout le monde a participé et voulait être protagoniste. Les jeunes manifestaient une unité inattendue.

Après les jeux nous avons fait un moment d’assemblée où nous avons lu le salut final de Carrón aux exercices du triduum pascal. Tous les jeunes ont écouté en silence. Après la soirée de chants et de jeux nocturnes, nous avons dormi dans nos sacs de couchage sur nos matelas de camping.

Le lendemain matin, après le petit déjeuner, l’angélus et l’étude, nous sommes partis pour une randonnée de quatre heures à travers la campagne et les bois.

Nous en avons tous profité pour faire plus ample connaissance. Tout en marchant, Myriam, une jeune fille très branchée, s’approche de moi et nous commençons à parler. Elle me raconte le triduum et que depuis lors une question la taraude : que signifie être authentique dans les choses qu’elle vit si elle a un caractère très fort et agressif ? J’étais émue car je désire la même chose. En la regardant je pensais : Qui est en train de la réveiller ainsi ? Cette fille qui semble indifférente à tout, qui se montre souvent insolente et dure est en train de se laisser changer par quelque chose qui est en train d’arriver.

Toujours pendant la promenade, en passant sur un pont et en entendant l’eau de la cascade, Fanta, une autre lycéenne avec qui j’avais étudié le matin, enlève se écouteurs pour entendre l’eau et me dit : « J’ai besoin de ce que nous avons lu hier c’est-à-dire de découvrir que la réalité et le cœur sont mes alliés, autrement je m’isole ».

Moi je continuais à m’étonner et j’ai commencé à les suivre.

Après la promenade nous sommes allés à la messe. Ils sont tous venus. Les cinq filles athées étaient au deuxième rang munies de livrets et les trois musulmanes à côté de Jeff avec le missel pour suivre la liturgie et lui poser des questions.

De retour à la ferme, les jeunes ont mis la table, préparé la macédoine de fruits et les pâtes sans que personne ne le leur demande mais mus par le désir de participer et de suivre.

Le dernier jour, nous avons fait les devoirs, nettoyé la maison et tenu l’assemblée finale en cercle au milieu du pré. Une jeune fille athée, Déborah nous dit : « ?a m’a plu de jouer et de marcher parce que je me suis sentie unie à vous par quelque chose. Je ne vous connaissais pas mais pendant que nous jouions, il y avait comme un lien qui nous a tous unis et qui m’a rendue contente ». Ahmed ajoute : « Ce week-end a été magnifique et je ne veux pas qu’il reste une belle parenthèse et demain l’horreur au lycée. Comment faire pour continuer ? ».

Pour moi, ce week-end n’est pas la fin, mais seulement le début, surtout à l’école, parce qu’à côté de nous il y a ces visages que nous n’avons pas choisis mais auxquels nous avons été unis en jouant, en chantant, en marchant, en allant traire les vaches ; unis par un lien mystérieux qui a interpelé et réveillé tout le monde, lycéens et adultes.

Je suis rentrée chez moi pleine de gratitude parce qu’Il se montre dans la simplicité de la vie. Et parce que je suis dans cette histoire fascinante également pour des jeunes si éloignés.

Elisa, Paris