Cette petite image dans le portefeuille de mon chef

Tu peux t'en aller, tu peux t'éloigner de cette histoire, mais une fois que tu l'as rencontrée, une fois qu'elle t'a saisi, elle ne te lâche plus

Cher Julián, je travaille dans une banque. Pour la première fois, je ne suis pas rentré des Exercices submergé par la sentimental confusion habituelle, mais par une profonde et immense gratitude de faire partie de cette aventure qu'est le mouvement, de cette amitié qui ne me lâche jamais. Je t'écris pour te raconter un épisode incroyable qui m’est arrivé sur mon lieu de travail, où tout est affirmation du cynisme, du rentable et de l’indifférence.
Cette semaine, mon chef m'a appelé dans son bureau pour une question relative à mon travail. Puis, à l'improviste, il m'a demandé : « Vendredi dernier, tu as pris un jour de congé pour te rendre aux Exercices de CL n'est-ce pas ? N'ont-ils pas lieu ces jours-ci ? ». Devant cette question, j'ai commencé à transpirer. Tu vois comme ma foi est faible : si l'expérience qui m'a entrainée est la chose la plus grande et vraie qui pouvait m'arriver, pourquoi ne pas voir répondu par un beau « oui » plutôt que de tergiverser comme je l'ai fait. J'ai répondu à sa question par une autre question : « Pourquoi me demandes-tu cela ? ». Il m'a regardé, et quand il a lu la réponse sur mon visage, à savoir que j'étais bien allé aux Exercices, il a sorti de son portefeuille une image de don Giussani. Incroyable ! Mon chef - un mariage annulé, remarié et père depuis peu de deux adorables petites filles - s'est mis à me raconter une partie de son histoire. Et ce qui m'a surtout touché a été son affirmation : « Tu sais Alberto, moi, j'ai entendu parler don Giussani en personne ». Quand il m'a dit cela, son visage s'est transformé ; ses yeux disaient qu'il avait été fasciné de la même façon que moi. Puis il m'a fait comprendre que quelque chose s'était passé dans sa vie qui l'avait éloigné du mouvement, mais qu'il avait toujours conservé cette image dans son portefeuille. Il m'est alors venu à l'esprit ce qu'on se dit souvent entre nous : tu peux t'en aller, tu peux t'éloigner de cette histoire, mais une fois que tu l'as rencontrée, une fois qu'elle t'a saisi, elle ne te lâche plus. Si tu rencontres le Vrai, c'est pour toujours. Et ça vaut pour tout le monde. Oui, c'est comme ça : lorsque mon chef s'est mis à me parler de don Giussani, il avait le regard rayonnant malgré tout ce qui a pu lui arriver et que j'ignore. Quelle aventure que la vie !

Alberto