Lettre de Cervinia

8 août 2015, après les vacances de la communauté francophone à Cervinia

D'ordinaire, l'appel à se convertir fait naître la vision floue, par temps gris, d'un sentier plein de cailloux (balade Roberto niveau 3), avec un triste pessimisme quant à nos capacités…
Cette pente d'incrédulité, de pénibles efforts, s'est dissipée ici, devant un lac bleu, au pied du Cervin. Nous étions tous assis sur l'herbe, au soleil. Mimmo Lionel et Magdalene nous faisaient chanter ; les enfants gambadaient alentour ; Klaartje, la maman de Silvio et Françoise, nous faisait signe de l'autre rive. Un goût de miel m'est venu : « La conversion est joyeuse ! »

« Lève les yeux et regarde ! »

Nous étions à 2000 mètres, quelques-uns à 2500 ; nous avons vu des marmottes. Ceux qui sont montés à 3000 mètres ont vu des bouquetins. Le temps coule, fluide comme une cascade, rien n'est pesant ni laborieux, pas de temps mort. De façon imprévue, la lumière, les nuages changent toujours
la présence des montagnes.
Regarde tous ces amis, et ceux qui sont venus que tu ne connais pas !
Tous montrent cette affection, cette attention, ces liens, cette curiosité, cette estime pleine d'initiatives, cette légèreté joyeuse pour prévenir les besoins des uns et des autres, pour y répondre : talents en effervescence. Les enfants qu'on voit tellement grandir sont si bien ensemble ! Quel plaisir d'être là !

« Comme il est heureux que nous soyons ici ! Dressons trois tentes ! ... »

Ici, la conversion est l'attirance joyeuse vers cette vie devant nous, sous nos yeux.
Nous avons changé d'altitude, nous sommes plus haut. Les lourdeurs, les limites, les défauts sont bien là encore, mais quelques mètres de dénivelé les dominent, nous respirons un autre air !
Cet air vient-il de l'ouverture de ces vacances aux nouveaux amis que nous ne connaissions pas, invités à y participer ou à y témoigner ? Ou encore à de vieux amis venus de loin nous retrouver ? Nous parlons, nous marchons, nous chantons, nous jouons, nous mangeons, nous écoutons ensemble ; avec beaucoup de liberté, nous vivons ensemble. Cette joie doit venir de l’« être- ensemble », de sa source reconnue : « Là où deux ou trois sont réunis en mon Nom... »

La conversion est joyeuse : cette parole m'est venue là. Je descends de la montagne avec ce petit trésor que je garde silencieusement, sachant qu'il est difficile de descendre de la montagne vers la plaine où nous nous dispersons.

Essaime ce qui a pris quelques racines, pour qu'il fleurisse quand vient la saison…

Marie-Michèle