Chers amis,
Je voudrais vous raconter des faits qui sont arrivés à la suite de notre week-end.
Lundi, dans la cour, j'ai rencontré plusieurs jeunes du week-end. Ils avaient le même sourire que lors de notre séjour à St. Benoît. En particulier, Sirinne, une jeune musulmane.
Je lui demande ce qu’elle a aimé du week-end. Elle me répond du tac au tac : « Le moine que nous avons rencontré. -- Pourquoi ? -- Parce qu’il nous a parlé du bonheur, et que cela m'a beaucoup touchée. C'est ce que je cherche, moi aussi ».
De quoi se réveiller à 8h30 du matin !

Mardi, chose plus que rare, je lis à l'ordre du jour du Conseil de direction: "Bilan du week-end à St. Benoît".
J'ai raconté au Conseil ce que nous avions vécu. Non seulement le CPE s'est déjà inscrit pour la prochaine fois, mais il peut aussi nous servir de guide pour la flore et la faune. C'est un passionné. Un collègue lance : « Heureusement que vous nous avez dit tout cela. Cela nous met du baume au cœur ». C'est la première fois que je reçois un tel compliment, au cours d'une réunion officielle.

Mercredi, lors du DST en 2de, confusion monstre dans la salle : 80 élèves n'arrivent pas à s'installer. J’entre comme une furie et, dans les premiers rangs, j'aperçois Sirinne. Dès qu'elle me voit, elle affiche un sourire merveilleux. Je n'ai pas le temps de m'attarder à la regarder et commence à sermonner les élèves indisciplinés. En quelques minutes, j'obtiens un silence de tombe.
Je m'en vais mais Sirinne continue à me regarder avec le même sourire, sans bouger, toujours dans la même position.
C'est alors que je comprends et que je me sens ému.

J'ai compris que le Mystère était présent et me regardait à travers le regard de Sirinne. C'était la même Sirinne mais elle était un Autre. Son regard me parlait et me disait : "Je suis là, peu importe comment tu es, ce que tu fais. Moi, Je suis là et Je te regarde. Même si tu m'ignores, si tu m'oublies, Je suis là, toujours, devant toi et Je voudrais que tu sois heureux comme Je le suis ".
J'ai alors tourné la tête pour la fixer. J'étais un autre, moi aussi.
Cela n’a duré que quelques secondes.
Je n'ai pas de mots pour témoigner d’une telle expérience. Vous me connaissez, je ne suis pas le type que l'on prend par les sentiments. Mais le regard de Sirinne n'était pas le sien. Il y avait Quelqu’un d'autre dans ses yeux.

Merci d'avoir lu ce que je viens d’écrire ; je ne pouvais pas garder pour moi un tel événement.
Merci à chacun de vous.