L'autre est un don

De chacun de ces visages, de chacune de ces personnalités réunies par les circonstances, est née une familiarité, une affection, en dépit du manque d’affinité apparente
Paolo (Belgique)

Chers amis,
J'ai le vertige en pensant à tout ce que j'ai vu et vécu, à tout ce qui a changé dans ma vie pendant cette année passée avec vous à Gand : les moments de fatigue et les moments de joie, les satisfactions professionnelles et personnelles, mais aussi les moments de découragement et de déception. Ce qui émerge est un sentiment très fort de gratitude. Vu ma formation dans le milieu visuel, laissez-moi vous partager une simple observation. J’ai été amené à confronter les photos de deux groupes différents : une photo avec ma communauté de Brera et une autre avec vous. Sur la première, on perçoit une affinité entre les membres du groupe, tous avec le même goût vestimentaire, tous un peu tête en l’air. La seconde photo présente, à l’évidence, un groupe de personnes qui se sont trouvées rassemblées par hasard… Qu'ont-elles en commun ?

En regardant cette photo, ce qui me surprend, c’est que chaque visage tranche sur les autres par son caractère unique, son histoire. De chacun de ces visages, de chacune de ces personnalités réunies par les circonstances, est née une familiarité, une affection, en dépit du manque d’affinité apparente, caractéristique… Et cela s’est produit en très peu de temps ! Pour moi, cela manifeste que l’autre est un don : vous étiez ici pour moi, vous ne pouviez pas être plus autres que moi et je devais prendre ou laisser ; aucun subterfuge n’était possible.

Le Seigneur m'a pris et m'a dit : « Voilà ce que je te donne : le couvent, c’est bon pour toi. Que veux-tu faire ? » Eh bien, moi, je n’ai pas fait grand-chose, sinon prendre tel ou tel train et un avion pour Rome…
L’affection avec laquelle vous m’avez accueilli et avez pris soin de moi durant ces mois (affection totalement imméritée) a été un aimant fort, un aimant qui, alors qu’il me tenait attaché à vous tous, me relançait pourtant vers tout ce qui était en dehors et au-delà. Tout cela, pour moi, est un mystère qui me déconcerte chaque fois que je prends conscience de l’étrangeté de cette situation et du sacrifice qu’elle me demande souvent. C’est pourquoi, je ne peux que me confier à Celui qui a pensé tout cela pour moi.

Lors de 'la grillade' organisée pour nous saluer, j'ai vu qu'habitaient, en chacun de nous, une grande nostalgie et, en même temps, une grande joie. Ici, en Belgique, j’aurais pu laisser une part de mon cœur après le départ, mais, au contraire, votre compagnie m’a fait cadeau d’une part en plus, avec laquelle je peux partir, certain que vous me manquerez beaucoup, mais certain aussi que Celui qui nous a rassemblés est là pour toujours et qu’Il prendra soin de chacun de nous, là où nous serons.

Merci, mes amis, je vous embrasse !