Pourquoi je vis

Vendredi soir, j’ai reçu un SMS de ma soeur qui me demandait ce qui était en train de se passer à Paris. Et, en allumant la télé, j’ai su qu’il y avait des attentats.
Lara, Paris

Vendredi soir, j’ai reçu un SMS de ma soeur qui me demandait ce qui était en train de se passer à Paris. Et, en allumant la télé, j’ai su qu’il y avait des attentats. Ce qui m’a frappée – en négatif – c’est, comme dit le pape, le fait d’être confrontée à cette réalité inhumaine, à cette absence de l’humain, à cette élimination totale du coeur.
En même temps que le message de ma soeur, m’est parvenue la lettre d’une amie qui me demandait : “Est-ce que tu vis encore ?”. Elle n’était pas encore au courant des massacres, à Paris. Elle m’écrivait parce nous avions perdu contact depuis un certain temps. Mais cette question, à ce moment précis, a revêtu un autre sens, pour moi, et je me suis rendu compte que j’aurais pu être en train de dîner dans ce restaurant, que cela aurait pu m’arriver à moi, distraite sans doute, comme je l’étais chez moi, ce soir-là. Alors a émergé le sens de la question, dont j’ai pris plus profondément conscience en lisant la communication de Carron : Comment et pour qui je vis ?
Je crois que la consternation face aux faits inhumains qui se sont produits, et la question Pour qui je vis, sont profondément liées. Parce que je ne puis être moi, que grâce à un Etre humain exceptionnel qui m’a regardée, qui a regardé les amis qui, de partout dans le monde, m’ont tenu compagnie durant cette soirée.
À partir de cette prise de conscience renouvelée, j’ai mieux compris aussi quelle est la contribution que je puis apporter au monde. La seule réponse exhaustive est l’Humanité du Christ qui vient à ma rencontre... et non pas les mille analyses des divers journaux télévisés ou des spécialistes.
Que puis-je donc faire pour le monde ? Je puis vivre –aussi longtemps qu’on me l’accordera–, vivre de façon humaine en continuant à suivre “l’étincelle” d’Humanité exceptionnelle qui m’a conquise. En commençant par bien ranger le coca-cola dans le frigo du bureau, en regardant dans les yeux mes collègues pendant les repas, en laissant mon portable dans mon sac quand je prends le métro, etc. Sans doute le monde entier ne changera-t-il pas, mais moi je changerai, et peut-être aussi ceux qui me sont proches. Et peut-être d’autres, proches de ceux qui me sont proches, seront-ils touchés par ‘une humanité plus humaine’…
J’ajoute pour terminer : le désir m’est venu de recommencer demain, de retourner au travail, de voir mes collègues, d’aimer mes amis, de m’investir toujours plus profondément dans ma vie. On dit que ‘le lundi est le plus beau jour de la semaine’ : aujourd’hui, je comprends cette phrase !
Après les faits de Paris, j’ai plus que jamais la “fièvre de vivre”…