Ces quelques jours sans réponse

Ce qui est dramatique, c’est que si je ne vois pas cette possibilité dans chaque instant, alors la vie n’a pas de sens
Francesca, Southampton (Royaume-Uni)

Cher Julián,
Les événements de Paris m’ont profondément marquée, peut-être aussi parce que je suis seule à Southampton pour écrire ma thèse. Après avoir lu tes propos, la première chose a été de répondre à la question : mais vivre vaut-il la peine ? Avant même d’expliquer le pourquoi, sommes-nous sûrs que chaque jour vaut la peine d’être vécu ? Bien sûr, la vie est pleine de belles choses, j’en vois tous les jours, mais elles ont une fin. Pourquoi étudier, aller à l’étranger pour écrire sa thèse, se marier, travailler, si, de toute façon, tout pourrait s’arrêter du jour au lendemain ? J’avoue avoir vécu des jours où je n’arrivais pas à répondre « oui » à cette question avec enthousiasme et conviction. Dimanche, il y a eu l’assemblée de la communauté de Londres sur le communiqué de CL. J’ai été touchée par un ami qui a dit : « Pour moi, vivre vaut la peine parce que le Christ est ressuscité ». Sa réponse m’a discrètement accompagnée ces derniers jours. Quand mon ami Marcus est mort, j’ai compris pour la première fois la grandeur d’espoir et de sens qu’apporte la Résurrection. Que Quelqu’un ait vaincu la mort et voir de mes propres yeux que ce fait est vrai maintenant, c’est le seul sens de la vie. Ce qui est dramatique, c’est que si je ne vois pas cette possibilité dans chaque instant, alors la vie n’a pas de sens. Si je ne crois pas que dans l’article que je dois lire, dans les personnes que je n’ai pas choisi de rencontrer ici, dans tous les amis que je commence à connaître, cette possibilité existe, alors cela ne vaut pas la peine. Jamais auparavant je n’ai prié l’Angelus comme je le fais ces matins-ci. « […]Conduis-nous, par Sa passion et par Sa croix, jusqu’à la gloire de Sa Résurrection ». Je me rends compte que j’ai besoin de rester liée à cette prière, car parfois la tristesse et la peur prennent le dessus. Je découvre aussi le désir de prier pour ces hommes qui ont tué et pour ceux qui continueront de tuer. À l’évidence, ils n’ont jamais rencontré quelque chose qui fait que la vie vaut la peine d’être vécue. J’ai reçu un cadeau et je prie pour qu’ils le reçoivent aussi.