Je suis lycéenne de première année. Quelques semaines après la rentrée, il y a eu une rencontre de "Gioventù Studentesca" (Jeunesse étudiante) et l’on nous a proposé de dire l’Angélus tous les matins à l’école. Avec quelques amies, nous nous sommes immédiatement organisées : nous avons créé un groupe d’intéressés et nous avons commencé à le prier régulièrement. Le matin, j’arrive à l’école une vingtaine de minutes à l’avance pour papoter avec des compagnons de classe en attendant l’heure des cours, mais depuis que nous avons commencé à prier l’Angélus, moi et quelques-unes de mes amies, nous nous arrêtons à 7:55 pour nous rendre à l’endroit convenu, sans donner trop d’explications.
Un matin Matilde, une de mes compagnes avec qui je suis très liée, m’accoste avec une autre de mes amies, et nous demande où nous allons. Question insidieuse, car moi et Francesca, nous avons décidé que Matilde, qui nous est pourtant chère, n’est pas du tout intéressée au geste auquel nous nous rendons. Je crois lui avoir répondu une chose comme : "Nous ? Mais rien, Maty, nous allons dire une prière, mais toi tu vas en classe, peut-être peux-tu nous garder les places ?". Sa réponse a été désarmante pour moi : "Si je peux moi je viens". Ainsi elle a commencé à nous accompagner chaque matin pour dire l’Angélus, et si parfois nous n’avions pas envie, c’est elle qui nous incitait à y aller. Un jour j’ai pris avec moi mes notes de l’École de communauté pour les lire avant l’Angélus. En montant les escaliers après la prière, Matilde me demanda : "Mais ce que tu viens de lire, qu’est-ce que c’est ?". Encore une fois, j’ai répondu en étant convaincue que ça ne pouvait pas l’intéresser : "Rien, ce sont des notes d’une rencontre avec un groupe de personnes". Et elle : "Quel est ce groupe ?". Alors je lui ai proposé de venir à l’École de communauté. Son insistance et sa curiosité sont incroyables. Elle, si différente de moi en tant de choses, elle, dont la famille n’est pas du mouvement, elle, qui n’a pas suivi le "gruppo medie" (groupe du mouvement dans le premier grade du secondaire), a les mêmes désirs que moi.