Le vrai développement : qu'est-ce qu'est pour moi le sens de la vie

Le développement c'est une femme qui prend ses médicaments car elle a compris que cela vaut la peine de vivre. C'est un enfant qui décide que cette école est un lieu pour lui
Francesca, Kampala (Ouganda)

Je suis cette année à Kampala, où j’effectue une année de service civil pour l'Avsi dans le cadre du projet de soutien à distance. Il m'arrive souvent de me confronter avec des jeunes diplômés en Développement de l'université milanaise de la Bocconi qui gèrent de grands projets. Je suis diplômée en philosophie et cela me plaît de les écouter car j'ai tout à apprendre. J'apprécie beaucoup mon travail et surtout ces derniers mois j'ai été envahie par une « fièvre de vie » et une passion pour tout ce que je fais. Durant les premiers mois cette soif n'était pas présente, il y avait seulement cette tentative étouffante de faire de mon mieux, mais sans y réussir. Ce désir de vivre je le dois au rapport avec Rose qui travaille avec les femmes atteintes du sida et des enfants qui doivent aller à l’école. Durant la moitié de la semaine je travaille pour l’organisation, initiée à cela par les assistantes sociales. Un samedi soir, je parlais avec une amie diplômée de la Bocconi qui m'informait des importants résultats de l’organisation pour laquelle je travaille. Toutefois quelque chose ne tournait pas rond pour moi. Je pensais seulement au dialogue avec Rose qui a changé ma vie. Un jour elle m'a dit : « Franci, mais qu'est-ce que le développement ? Cela se mesure seulement en nombre de médicaments distribués ? Au nombre d'enfants envoyés à l'école ? Non, ce n'est pas cela. Car tu distribues les médicaments, mais les femmes ne les prennent pas. Tu payes pour les leçons à l'école et les enfants n'y vont pas. Et sais-tu pourquoi ? Car nous sommes libres. Le développement c'est une femme qui prend ses médicaments car elle a compris que cela vaut la peine de vivre. C'est un enfant qui décide que cette école est un lieu pour lui. Ceci c'est la nature du Meeting Point International. Et je refuse quiconque me demande moins que cela ». Moi j'étais allée la voir pour lui demander des informations, et elle m'avait répondu en me demandant quel était pour moi le sens de la vie. Cela m'a ému car je n'avais jamais pensé qu'en tout instant, dans n'importe quelle situation il y a quelque chose pour moi. Et si cela était utile pour l’Ouganda, pour Rose, cela était surtout utile de dire oui à tout cela. Ainsi je compris que la manière dont je suis faite est utile au monde. Timidement, je raconte ce dialogue à mon amie de la Bocconi… et entre nous tomba un silence car une autre dimension s’était imposée, en fait une sur-dimension. Et dans ses yeux j'ai vu la même émotion que la mienne quand, parlant avec Rose, j'ai réalisé qu'à travers le travail je peux découvrir quelque chose qui me fait vivre ».