Le rosaire avec Kaulla qui ne pouvait pas prier

Kaulla est irakienne et vit à Bagdad avec Daech à ses portes. Tout a débuté quand j’ai commencé à lui tenir compagnie dans les vicissitudes qu’elle traversait pour sa petite fille
Mira, Milano

Chers amis,
l’amitié avec Kaulla a commencé il y a plus de vingt ans, quand grâce à un projet international, je l’ai accueillie en Italie où elle était venue pour faire opérer du cœur sa petite fille. Kaulla est irakienne et vit à Bagdad avec Daech à ses portes ; mais elle n’oublie pas une fête chrétienne, l’anniversaire de mon fils et le prénom de mon époux. Tout a débuté quand j’ai commencé à lui tenir compagnie dans les vicissitudes qu’elle traversait pour sa petite fille. Nous devînmes rapidement amies, dépassant les difficultés de communication (mon anglais est piteux), les différences culturelles (ma difficulté à comprendre les critères selon lesquels elle enlève et remet le voile), mais de suite le lien fort de notre relation amicale fut la totale confiance en Dieu. Le jour de l’opération je me présentai à l’hôpital avec mon chapelet, prête pour prier ensemble, chacun à sa manière. Ce jour-là tout a commencé car, à peine arrivée, je découvris, qu’en tant que musulmane pratiquante, elle ne pouvait prier car ayant alors ses règles. J’avais le choix : soit je m’arrêtais à la saine colère devant l’absurdité de la situation ou bien je restais auprès d’elle, au nom de ce qui nous réunissait : la confiance en un Dieu bon. Je me suis assise, j’ai prié et j’ai aussi prié pour elle. L’opération se passe bien, elle rentre en Irak puis revient quelques années plus tard pour d’autres problèmes de santé de sa fille. À cette occasion la petite Esrha meurt. Quelques semaines après son départ, je reçois une lettre de l’évêque de Bagdad qui me parle de parents venus le voir pour remercier tous les chrétiens de tout ce qu’ils ont fait pour leur petite fille et demander des conseils pour les funérailles. Il m’écrit également que ce geste fait par des musulmans est incroyable. Ce jour-là je n’avais fait que choisir ce qu’il y avait et qu’il y a de vrai entre nous.