Des mots écrits sur le sol

Le groupe de sculptures représentant le Christ et la Femme adultère fait partie d’un ensemble de scènes de la vie de Jésus - quarante environ -, sans compter plus de deux cents statues. Elles entourent le chœur de la cathédrale de Chartres
Giuseppe Frangi

Le groupe de sculptures représentant le Christ et la Femme adultère fait partie d’un ensemble de scènes de la vie de Jésus - quarante environ -, sans compter plus de deux cents statues. Elles entourent le chœur de la cathédrale de Chartres.
Il s’agit d’un projet dont la réalisation a vu le jour en l’an 1500 et s’est poursuivie durant deux siècles. Le Christ et la Femme adultère a été réalisé par un sculpteur d’Arles, Jean de Dieu (1652-1727). Cette œuvre répond parfaitement à la philosophie de l’époque qui exigeait des artistes une grande sobriété et un grand respect vis-à-vis de l’épisode représenté. En ce qui concernait les images, en effet, la France avait hérité d’une âpre controverse avec les protestants. La nouvelle approche, introduite notamment par les jésuites, suggérait une lecture strictement narrative, respectant la fonction de dévotion des images mêmes.
En l’occurrence, Jean de Dieu reproduisit fidèlement l’épisode : des scribes et des pharisiens, qui veulent le mettre à l’épreuve, amènent devant Jésus une femme accusée d’adultère. Il se baisse pour écrire sur le sol. En butte à leur insistance, après les avoir à peine défiés en leur disant « Que celui d’entre vous qui est sans péché lui jette la première pierre », Jésus se baisse à nouveau pour écrire dans la poussière. Les accusateurs n’ont plus qu’à s’en aller, vaincus, « un à un, en commençant par les plus vieux », comme le raconte l’évangéliste Jean.