Un soir, on m’appelle au service de soins intensifs des nouveaux nés où une collègue posait un diagnostic sur le fils d’un couple homosexuel, conçu par fécondation assistée avec donneur. Cet enfant avait développé une insuffisance cardiaque grave, son petit cœur n’arrivait pas à pomper le sang et ses organes s’en ressentaient. La situation était très grave, il était entre la vie et la mort. Quand je suis sortie pour retourner chez mes patients, j’ai commencé à confier cet enfant à Dieu. Dans la nuit, son état s’est aggravé, de sorte qu’il fallait ajouter un complément médical. Ensuite, pourtant, personne ne m’a plus contactée et je suis rentrée chez moi, en sachant seulement qu’il avait survécu.
Le lendemain, je rencontrai une néonatologiste qui me raconta que ce bébé avait récupéré de manière totalement inespérée et à peine 48 heures après son cœur battait normalement, il avait des paramètres résolument meilleurs. Je n’y croyais pas. La néonatologiste était elle-même très étonnée de ce qui était arrivé : il était techniquement mort, m’a-t-elle dit. Quelques jours plus tard, je rencontrai un autre médecin qui me raconta que pendant qu’ils le ranimaient, ils avaient demandé au couple s’ils voulaient baptiser l’enfant et ils avaient accepté. Qui aurait pu imaginer cela de la part de deux homosexuels ? Pas moi. Je m’étais fait mon idée sur eux, pour moi leur situation était erronée, artificielle, dans laquelle l’homme remplace Dieu et cause des dégâts, dans laquelle Dieu est exclu. En revanche, face à la décision ultime, ils n’ont pas hésité à mettre dans Ses bras leur enfant criant que la vie est un don. Je ne peux que regarder tout cela comme l’occasion pour Dieu m’a de me montrer comment Il réussit à vaincre la confusion, et tout d’abord nos réductions, il ouvre mon regard sur les autres, il me demande d’avoir ce même regard de Miséricorde qu’Il a eu envers ce couple et leur enfant et qu’il a eu envers moi en me les faisant rencontrer.