« Le monde n’a pas besoin de personnes respectueuses »

« Est-il possible de rencontrer le Christ vivant sans tomber amoureux de Lui, d’un amour totalisant, qui pousse à embrasser toute la réalité comme Il l’embrasse ? »
père Francisco Miguel, Buenos Aires (Argentine)

« Tout ce que nous avons appris, nous l’avons appris en vivant », disait Don Giussani. En ce sens, maintenant que je fête mes trente ans de sacerdoce je remercie Dieu d’avoir vécu trente ans comme laïc avant d’entrer au séminaire. Cette précieuse expérience m’a offert cette vie. La dure lutte pour gagner son pain quotidien, l’immense sacrifice d’étudier à l’université...Mais aussi une expérience fantastique : tomber amoureux, être en correspondance, et vivre une période merveilleuse de fiançailles chrétiennes. Etre amoureux est une expérience incroyable ! Avec quel naturel on montre aux autres la beauté et la plénitude de ce que l’on vit ! Bien. Des années plus tard, quand j’étais déjà un prêtre « de profession », Dieu a mis devant moi Don Giussani et le mouvement. Cela me coûte de le reconnaitre. Je le dis avec beaucoup de pudeur. Ce n’est que récemment que j’ai expérimenté l’impact de la rencontre dans ma vie avec le Christ ressuscité « ici et maintenant ». Je savais qu’Il s’était incarné en Palestine 2000 ans plus tôt. A une époque très lointaine, à seize heures de vol. Je savais et croyais qu’Il était dans la gloire, assis à la droite du Père. Je ne comprenais même pas ce que cela voulait vraiment dire, mais…c’était loin, très loin ! Je croyais en Sa présence eucharistique et je célébrais soigneusement l’Eucharistie. Mais le fait qu’Il soit venu à ma rencontre à travers des personnes qui me le témoignaient se montrant « transfigurées » à Son contact, a dépassé toutes mes prévisions et mes attentes.
J’ai commencé à ressentir un impact au plus profond de moi, jusqu’à arriver à cette certitude : « Est-il possible de rencontrer le Christ vivant sans tomber amoureux de Lui, d’un amour totalisant, qui pousse à embrasser toute la réalité comme Il l’embrasse ? ». Maintenant je crois avoir compris une autre phrase de Don Giussani, quand il me l’avait dite j’étais resté perplexe : « Francisco, le monde, l’Eglise, le mouvement n’ont pas besoin de personnes respectueuses, mais de personnes émues ». Et l’émotion la plus grande n’est-ce pas de tomber amoureux du Christ, et dans cette expérience aimer toute la réalité comme Lui l’aime ? C’est une chose infiniment grande et belle d’être chrétien dans une expérience comme celle-là !