Un camarade de cours, avec qui je n’avais jamais vraiment échangé, à part quelques discussions et quelques parties de foot, me voit dans la cour et me dit : « J’ai su que tu faisais partie de Communion et Libération et je voudrais te poser quelques questions. Peut-on se voir ? » Nous nous retrouvons dans la cour et il me raconte son histoire : abandonné par son père à cinq ans, il était resté seul avec sa mère ; la Communauté de leur ville les avait si bien entourés que sa mère avait commencé à suivre l’Ecole de communauté ; quant à lui, il était partie prenante de Jeunesse Etudiante. Par la suite, en raison d’un changement de leur situation familiale, les amis de la Communauté avaient pris leurs distances. Cela l’avait tellement secoué et peiné qu’il avait tiré un trait sur tout et s’était séparé de la Communauté.
Finalement, il me dit : ‘Je me suis rendu compte que tu étais quelqu’un d’intéressant. J’en ai discuté avec Jacopo (son colocataire et en même temps mon meilleur ami) qui m’a confirmé dans mon impression. La chose qui m’a le plus frappé dans le Mouvement est l’essence de la personne, ce qui fait la personnalité, en fait. Je ne voudrais plus manquer cela, aussi préviens-moi quand vous faites l’Ecole de communauté. » Je lui ai alors demandé : « Mais qu’est-ce qui te pousse à parier sur une Communauté qui t’a fait tant souffrir ? » Et lui de répondre : « C’est ce que je viens de te dire : l’essence de la personne ». J’en suis resté soufflé ! J’ai simplement ajouté que, pour moi, cela avait été la même chose : je reconnaissais que, en rentrant à la maison pour le week-end, je me voulais du bien, j’étais plus attentif à ma vie.
A ce propos, deux choses m’ont frappé. D’abord, en cinq années d’université, c’est à peine si j’avais échangé quelques mots avec ce garçon. Comme quoi, le fait de parler de soi, de vivre une expérience de vie nouvelle, suscite de l’intérêt ; c’est donc fondamental ! Ensuite, ce garçon s’est rendu compte qu’il y avait en moi quelque chose de différent. Pourtant, je constate que je vis trop confortablement, rapportant à la maison les copies du dernier examen et me contentant de la moyenne. Ce que ce garçon a vu n’était donc pas de mon fait, puisque je ne faisais rien de spécial pour ça.
Et cela appelle une question : « Qui es-Tu, Toi qui me fais tel que je suis, qui me fais découvrir qui je suis à travers l’étonnement d’un autre ? » A la messe d’aujourd’hui, le prêtre a dit : « A Antioche, Paul et Barnabé étaient surpris devant la conversion de beaucoup de païens, à tel point qu’ils restèrent là une année ». Aussi, demandons de pouvoir reconnaître comment Lui œuvre dans nos vies : c’est là l’origine de tout.