Comment l’Eglise a accompagné notre fils

Nous avons fait l’expérience de ce qu’est vraiment l’Eglise, la compagnie que Dieu convoque pour partager le sens de la vie, y compris dans la douleur
Tancredi e Francesca, Catane

Cher don Carrón
C’est de façon dramatique qu’est né notre fils le 23 décembre 2015. La grossesse s’était bien déroulée, mais lors de l’accouchement, de manière inattendue tout s’est accéléré et il y avait un risque de mort utérine pour le bébé. Une des sages-femmes et les gynécologues qui étaient alors de garde se sont rendus compte à temps de la situation et sont intervenus immédiatement. Dans l’urgence, c’est par césarienne que notre fils est né, mais il était déjà en arrêt cardiaque. Dans le service de néonatalogie, les médecins ont réussi à le réanimer et l’ont mis en thérapie hypothermique, nous informant de tous les risques encourus. L’après-midi, sans prêtre disponible, c’est son papa qui l’a baptisé. Nous l’avons appelé Jean-Paul, le confiant tout particulièrement à ce grand saint. Nous l’avons invoqué, comme d’autres saints et personnes chères. Ces trois premiers jours furent mystérieux : nous étions en attente, avec un pronostic réservé ; et nous regardions avec stupeur le petit corps de notre fils, plongé dans le coma et connecté à quantité de tubes. Nous n’avions pas encore pu le prendre dans nos bras et il nous était déjà demandé de le confier aux mains du Bon Dieu. Sur sa couveuse un crucifix le protégeait. Si notre cœur était habité par la douleur, notre joie toutefois n’était pas anéantie : Jean-Paul aurait pu ne pas être et il était là, en compagnie de son destin. Comme nous le rappelait notre ami don Giuseppe, si sa vie tenait à un fil, il aurait eu l’éternité pour lui. Notre devoir de parent est apparu clairement avec le baptême : nous lui avions fait connaître Jésus, cette raison de vivre que nous lui aurions transmise dans la vie quotidienne, si nous avions eu le temps. De suite, la communauté de Catane s’est mobilisée pour nous et s’est rassemblée autour de notre famille dans la prière et dans une union concrète : nous avons fait l’expérience de ce qu’est vraiment l’Eglise, la compagnie que Dieu convoque pour partager le sens de la vie, y compris dans la douleur. Nous avons été entourés d’amis avec qui on se retrouvait toujours au même endroit, pour prier pour notre fils et pour tous les autres enfants du service de thérapie intensive pédiatrique. Une fois, une dame dont un parent était malade, nous a abordés : « Je vous ai regardés, je vous ai écoutés de loin, et je voudrais vous embrasser. » Peu à peu s’est rassemblée autour de nous une foule de personnes qui était en prière pour notre fils, y compris à distance : nos chers amis, de la ville et de beaucoup d’autres endroits d’Italie, mais pas seulement. Des personnes connues, inconnues de Sicile, de Calabre, de Vitorchiano alla Cascinazza, de Milan, de Paris, d’Albanie, du Congo, de l’Irak, de Terre sainte, jusque depuis les Etats-Unis. La vitalité de tous les organes du bébé avait été compromise, mais avec le temps ils récupérèrent de manière continue jusqu’à retrouver leur état normal. D’abord sous sédatifs, notre fils s’est peu à peu réveillé jusqu’à reprendre toutes ses forces. Jour après jour nous avons assisté à un miracle, que les médecins nous avaient recommandé de demander. Séjournant dans ce service, nous avons fait la connaissance d’autres parents d’enfants hospitalisés, également très éprouvés, avec lesquels est née une relation simple et essentielle qui subsiste encore aujourd’hui. Jean-Paul est sorti et à présent il va vraiment mieux, nous continuons les contrôles et il reste à affronter toutes les difficultés liées au traumatisme cérébral, dont nous ignorons l’évolution. Mais devant tout ce qui s’est passé, nous sommes sûrs que le Seigneur est venu nous visiter en sauvant notre fils, si aimé et pour lequel le peuple de Dieu a prié.