Un cri de douleur

Je ne suis qu'une petite personne dans le mouvement, mais c'est au mouvement à qui j'appartiens, c'est avec lui que je fais mon chemin de foi, c'est lui ma deuxième famille
Babeth, Bruxelles

J’ai rencontré le mouvement il y a plus de 20 ans et il m’a fallu longtemps pour comprendre que j'avais rencontré l'Eglise et si cette Eglise est le Christ, alors, oui, j'ai rencontré le Christ. Je viens d'une famille Catholique de 10 enfants. Ma maman avait une relation toute particulière avec Dieu et même en n'y comprenant rien, je savais que Dieu existait en la regardant ; mon Papa était, quant à lui, principalement moralisateur, mais aussi jusqu'à la fin de sa vie en recherche ce qui à mon sens sauve le lourd héritage qu'il nous a laissé.
J'ai toujours été pratiquante, mais j'ai lutté longtemps contre la culpabilité de vivre, de penser, de ne rien comprendre à la foi. Quand, après avoir rencontré le mouvement je me suis sentie libérée. Pas parce que je crois que le Christ ou Dieu me libère (peut-être que oui, mais ce n'est pas comme cela que je l'entends), mais parce que le mouvement était le seul endroit ou pour la première fois de ma vie je n'ai pas essayé d'être une autre personne que moi-même, et que malgré cela j'ai toujours été accueillie comme tel, avec chaleur, avec amour. J'avais 35 ans quand je me suis mariée et trois ans après j'ai donné naissance à ma fille. La veille des 3 ans de ma fille, mon mari est mort à 37 ans, devant nos yeux, d'un arrêt cardiaque.... et ma vie a été emportée avec lui. Ma vie s'est brisée, elle s'est effondrée, elle fut sabordée. Je suis restée 8 mois entre sommeil et suffocation, entre suffocation et le noir infini. Pourtant il a quand même fallu respirer, apprendre à connaître ma fille, survivre pour la faire vivre, survivre pour respecter un souhait très cher à mon mari : 'je veux que ma fille soit forte !'. Forte avec une mère délirante, et s'en remettre à Dieu, plus ou moins et se faire porter par ma soeur qui est mon ange gardien et qui le fut 24h sur 24h pendant encore 8 ans.
C'est à la mort d'abord de mon père et ensuite de ma mère que j'ai alors réellement décroché de la vie, et j'ai été internée en psychiatrie.
Psychiatrie, le mot qui fait peur, dont on se méfie, qu'il ne faut pas prononcer. Pourtant c'est là, en désintoxication d'abord, en réhabilitation ensuite, c'est là où j'ai commencé a revoir un peu de lumière, à faire le deuil de mon mari, de mes parents, là où j'ai commencé ma nouvelle vie, sans mon mari.
Et pendant ce temps, mes amis et ma soeur étaient à mes côté. Est ce que Dieu était à côté de moi pendant toutes ces années ? Quelle stupide question ! Mais je ne voyais pas les choses ainsi.
Peu de temps après j'ai perdu trois de mes frères.
A la messe d'enterrement j'ai crié à Dieu que cela suffisait, qu'Il avait déjà pris assez de nos amours, qu'Il nous laisse en paix !
Pourtant je sais que le procès que je fais à Dieu n'a pas de sens. Je sais que tous les miens sont auprès de Lui, qu'ils sont, eux, dans la finalité totale.
Je suis une mère comblée, mais je suis une femme totalement frustrée dans mon être de femme qui ne peux être comblée par un autre dans une relation complémentaire et quotidienne. Pourquoi Dieu me demande-t-Il de vivre tant de douleurs et de frustrations ?
Je ne suis qu'une petite personne dans le mouvement, mais c'est au mouvement à qui j'appartiens, c'est avec lui que je fais mon chemin de foi, c'est lui ma deuxième famille, lui qui me donne l'unique chance de comprendre ce que je dois comprendre. J'ai une très grande et profonde affection pour l'Eglise et l'Eglise pour moi, dans mon quotidien c'est le mouvement et comme l'Eglise c'est le Christ, alors on peut dire que j'ai une profonde affection pour le Christ.