Cher père Carrón,
Je suis éducatrice spécialisée. En début d’année scolaire, j’étais très préoccupée en raison du nombre important de cas difficiles que nous avions à accueillir et à gérer. Lundi dernier, la maman d’un enfant handicapé m’a appelé pour m’inviter à passer une journée avec des familles d’enfants lourdement handicapés. Au téléphone elle m’a dit : "Je tiens à ce que tu viennes !" Je me suis demandé le pourquoi de cette gentillesse gratuite à mon égard, et j’ai accepté. Pendant la messe, au moment du chant Amico Gesù, un des enfants s’est mis à pleurer. J’ai alors mieux écouté le chant dont voici les paroles : 'Tu as fait de moi la créature la plus heureuse, née de Tes mains'. Mais comment ces mamans et ces enfants avaient-ils pu choisir ce chant ? Pour eux, cela devait être quelque chose de vécu dans la chair, sinon il n’aurait pas été possible de prononcer de telles paroles. Et l’instant d’après, je me suis aperçue que moi aussi j’étais ainsi, et que la vérité la plus sûre me concernant : je suis préférée. A travers tous ces visages, Jésus me disait : 'Sois avec moi aujourd’hui. Moi, je t’ai choisi ; comme j’ai choisi ces enfants et ces familles'. Être auprès de Mic, Fabio, Raffi et leurs parents a ouvert en moi une espérance, jusqu’à présent réduite par mes calculs et mes préoccupations. Je suis rentrée à l’école, non plus dans la plainte et l’agitation, mais heureuse et ouverte.