J’ai deux enfants : Laura et Fabio qui est handicapé. Dès sa naissance nous avions eu, mon mari et moi, la sensation que quelque chose n’allait pas. Il fut effectivement confirmé par la suite que Fabio souffrait d’une déficience cérébrale. Je n’ai jamais eu de colère contre le Bon Dieu, et ceci est déjà une grâce. Mon cœur me disait que tout ce qui vient de Dieu est de toute façon un bien. Quand j’ai appris son handicap je me suis interrogée sur la signification de tout cela. Mais, immédiatement, je me suis demandé si je serais en mesure de faire grandir cet enfant, si je serais une bonne mère pour lui. Les années passèrent, Fabio grandit, heureux et joyeux mais a besoin de beaucoup d’aide : il a des problèmes cognitifs, ne marche pas aisément. Réussir à mener à bien tout cela est un surplus de grâce. Que mon fils soit un bien pour moi, je l’ai compris en l’accompagnant et ceci m’a amené à participer de manière très active à la vie de la communauté chrétienne. Un exemple : quand je l’accompagnais au catéchisme – car j’étais convaincue que c’était une chose positive pour lui – je me suis aperçue que je le faisais surtout pour moi. Et son amour pour Jésus, qui est né de là, m’a contaminé aussi. A travers Fabio j’ai redécouvert que la foi est capable d’embrasser n’importe quelle situation, douloureuse ou épuisante. Un autre exemple : à travers ses limites, j’ai découvert les miennes, qui sont bien sûr d’une autre nature, mais moi aussi je suis dans le besoin. Ce n’est pas toujours évident de dire que l’autre est un bien, même quand il s’agit de son propre fils, surtout dans le contexte que nous vivons avec mon époux qui souvent nous inciterait à dire le contraire. Aujourd’hui encore, 27 ans après sa naissance, je me pose la question de savoir si je suis une bonne mère pour lui, mais je suis absolument certaine que c’est le fils qui a été choisi pour moi.