Le défi de l’agriculteur et la récolte des tomates

Si je suis comme ça, si j’ai eu ces attentions envers mon patient (sans vraiment m’en rendre compte), c’est parce que toute ma vie est définie par la rencontre avec Jésus
Damiano (Bologne)

Je suis kinésithérapeute. Un patient vient me voir avec une forte douleur au dos. Il est agriculteur.
Doutant que je puisse faire quelque chose pour lui, il me dit très sincèrement qu’il souhaite ne recevoir qu’un minimum de séances. J’accepte le défi ! Au cours de la première séance, il prend confiance, il s’ouvre un peu et me parle de son activité. Il me dit à quel point elle lui plaît et m’avoue sa frustration de ne pouvoir s’y consacrer à 100%. Les séances suivantes sont l’occasion d’approfondir la relation. Je comprends qu’il n’est pas dans une situation économique reluisante, si bien que je décide, à la fin du cycle, de lui faire cadeau de la cure.

Quelques jours plus tard, il arrive au Centre où j’exerce, m’entraîne dans le Cabinet et me prend dans ses bras. « Tu as redonné de la dignité à mon travail, me dit-il. Un homme découvre ce qu’il est grâce à son travail : tu m’as redonné ma dignité. A présent, je me sens bien et je peux récolter les tomates. Tu n’imagines pas le cadeau que tu m’as fait ! » Or, à ce moment-là, il ne savait pas encore que je ne lui ferais pas fait payer les séances de kiné. Je le regarde, étonné, et lui demande ce que j’ai fait de particulier. Il se met alors à rappeler dans le moindre détail tout ce que j’ai fait durant les séances, mais surtout la bonté avec laquelle il a été traité, écouté, et la bienveillance avec laquelle il a été regardé.

Alors me revient à l’esprit la ‘Page Une’ de Traces de septembre : « C’est Celui à qui nous appartenons, c’est ce à quoi nous prenons part, qui définissent notre expression culturelle. »
Si je suis comme ça, si j’ai eu ces attentions envers mon patient (sans vraiment m’en rendre compte), c’est parce que toute ma vie est définie par la rencontre avec Jésus, à travers les amis de l’Ecole de Communauté ; même si je l’oublie parfois, le sous-évalue ou n’y crois pas toujours. J’ai conscience de prononcer des paroles qui me dépassent, qui sont beaucoup plus grandes que moi.

Dans cette histoire, j’ai assisté à un fait plus grand que moi, qui ne peut s’expliquer seulement par ma capacité à exercer mon métier…