Le sourire de Marie

La Nativité de l’affiche de Noël fait partie du cycle de Giotto, fresque du transept droit de la Basilique inférieure Saint-François d’Assise
Giuseppe Frangi

La Nativité de l’affiche de Noël fait partie du cycle de Giotto, fresque du transept droit de la Basilique inférieure Saint-François d’Assise.
Giotto avait travaillé au grand chantier de la Basilique supérieure, sur l’histoire de François au cours d’une décennie du XIIe siècle. Il résida successivement à Rimini et à Padoue où, en 1304, il achevait les fresques de la Chapelle des Scrovegni. Appelé par l’évêque Teobaldo Pontano, il retourna à Assise avec tous ses assistants vers 1308, pour travailler à la Chapelle de la Madeleine puis au cycle de la Nativité. C’est un Giotto, célèbre désormais, qui retourne à Assise ; un artiste qui, pour pouvoir honorer ses nombreuses commandes, a mis au point un atelier organisé de manière très moderne, comportant des “associés ponctuels” et des collaborateurs locaux. Sous ses ordres, Giotto avait établi un peintre, responsable de cet atelier. Son nom est resté inconnu, mais l’histoire de l’art l’a stylistiquement identifié et baptisé depuis longtemps “le parent de Giotto”, justement pour sa capacité à intégrer les leçons du maître. C’est à lui que Giotto confia le suivi du chantier de la Basilique inférieure, selon un plan qu’il avait certainement tracé lui-même.
La scène de la Nativité, si nous la confrontons à celle, si célèbre, de Padoue, est plus “féérique” en raison de la quantité d’éléments narratifs qu’elle présente : l’arrivée des bergers, mais aussi une nourrice qui s’occupe du petit Jésus. Il y a une ingénuité savoureuse dans cette composition aux multiples éléments, qui présente Noël comme une grande fête. L’ordre dans lequel sont disposés ces éléments manifeste un équilibre né d’une grande vision picturale (“la mente ragionante” de Giotto, dont parlait Luciano Bellosi, un de ses plus grands connaisseurs). En revanche, la candeur avec laquelle sont peintes les scènes, révèle une personnalité moins élevée ; candeur qui compense l’écart entre le maître et une certaine fragilité du dessin, avec des détails psychologiques touchants, comme le sourire qui irradie le visage de Marie alors qu’elle contemple “le Fils”.