Cher Pape, un morceau de mon cœur est tien, désormais

Après la rencontre avec le Pape, un détenu de la prison Due Palazzi de Padoue lui a écrit une lettre
Mario (Padoue)

"Cher Pape François, les vingt-sept détenus que tu as reçus le dimanche 6 novembre (avec tant d’autres personnes, je crois ; et, en premier lieu, don Marco Pozza, notre aumônier des Due Palazzi de Padoue) sont encore en train de rêver et n’ont aucunement l’intention de se réveiller. Car les rêves ont la durée que nous leur accordons, surtout s’ils se rapportent à des événements qui ne peuvent se répéter, comme la rencontre avec toi. Cet après-midi-là, les rues de Rome, battues par des torrents d’eau et de vent, ont vu ce groupe d’individus trempés qui se pressaient vers ta résidence. A la nouvelle que tu nous avais accordé une audience, le ciel chargé de nuages nous était apparu serein.
Quand tu es venu à notre rencontre, nous n’en croyions pas nos yeux. En face de toi, nous n’avons pas ressenti cette sorte de crainte admirative. La simplicité qui émane de ta personne a fait que nous nous sommes sentis à l’aise, accueillis ; ce qui nous a permis de te parler, de dialoguer avec toi. Tu as réjoui nos existences en nous rappelant que nos pensées doivent toujours être nourries d’espérance car Dieu est avec nous ; et que ceux que tant de gens définissent comme des ‘moins que rien’, sont aussi fils de Dieu. Nous avions vécu dans l’obscurité la plus totale, nous cognant à tous les angles d’un univers comme la prison, qui en recèle tant. A force de se cogner, la douleur devient presque une amie, et on ne la sent plus même si les bleus demeurent et réapparaissent à chaque fois que quelqu’un te rappelle qui tu es et de quoi tu es marqué. Et cela arrive souvent… Mais toi, en t’intéressant à nous, tu nous as “redonné” une dignité d’homme, créature de Dieu, sans que soit répétée cette condamnation voulue par l’homme, que malheureusement nous portons.

Merci, Pape François, merci d’être avec nous, de t’être occupé de nous, les oubliés, qui survivent, privés du bien le plus précieux que Dieu ait donné à l’homme : la liberté. Je ne te demanderai jamais de me rendre le morceau de cœur que, le 6 novembre 2016, tu as gardé avec toi dans cette salle, je te le laisse volontiers, comme cette accolade pour mon anniversaire. Que Dieu te donne la force de poursuivre cette quête de paix et d’unité dans le monde. En homme du Sud que je suis comme toi, je t’adresse tout le bien et l’espérance possibles."