Une rose qui fait tomber les murs

L’amour que vous m’avez donné est tellement grand que moi je peux le partager avec d’autres personnes afin qu’elles se sentent elles aussi aimées

Cher Julián, le jour de la fête des mères, mon fils de dix ans m’a offert une magnifique plante ainsi qu’une énorme rose rouge qu’il avait payée avec ses économies. Il m’a donné ces deux cadeaux alors que nous allions à la messe. Au retour, nous sommes passés comme d’habitude par le passage souterrain sous l’autoroute. Il s’agit d’un lieu obscur où des gens vivent sous des tentes improvisées le long du mur, sans hygiène, et où de nombreux marginaux, jeunes et adultes, se retrouvent pour se droguer et boire. Passer dans cet endroit me fait toujours peur, et l’odeur est nauséabonde. En temps normal, je trace mon chemin sans regarder autour de moi pour ne pas provoquer de réactions. Mais ce dimanche, j’ai pensé à cette femme qui était là, assise sous l’autoroute, qui était peut-être mère elle aussi. J’ai regardé les cadeaux de mon fils, et je me suis approchée d’elle pour lui souhaiter bonne fête en lui tendant la rose rouge. Très surprise, elle m’a remercié. En rentrant de la maison mon fils m’a reproché de lui avoir offert son cadeau, et je lui ai répondu : « Pedrito, l’amour que vous m’avez donné avec ces fleurs est tellement grand, que moi, qui suis tant aimée de Jésus et de vous, je peux le partager avec d’autres personnes afin qu’elles se sentent elles aussi aimées ». J’étais surprise moi-même par ce que je venais de faire et ce que j’avais dit à mon fils, malgré la crainte que j’avais vis-à-vis de cette femme et des personnes comme elle. Mais le plus frappant, c’est que depuis cet épisode, chaque fois que je passe par là, cette femme me sourit et me salue en disant « Salut Madame ! » Et le mur de la peur et de l’indifférence s’effrite dans ce salut quotidien. Elle est devenue « ma voisine ». Le dialogue dont vous parlez, le pape François et toi, signifie pour moi transmettre à tous ceux qui m’entourent l’amour que Dieu a pour moi. En ce moment, dans mon pays, il est beaucoup question d’insécurité, et je ne peux plus penser à cette question sans me remémorer cette rose et ce salut quotidien de ma nouvelle voisine.

Laura, Buenos Aires (Argentine)