En poussant la voiture sans essence

Le regard du Christ qui m’a rejoint à travers le mouvement me fait regarder avec tendresse tous ceux que je rencontre

Cher don Julián, alors que je me rendais en mobylette à la collecte alimentaire, j’ai remarqué sur la route une femme d’une quarantaine d’années qui poussait sa voiture. Je me suis tout d’abord dit que j’allais l’aider, mais comme elle était sur la voie opposée et que j’étais en retard… j’ai failli renoncer. Mais quelques secondes après j’ai pensé : « je vais faire la Collecte, et je n’aiderais pas cette personne en difficulté ? » Je me suis alors arrêté et je lui ai demandé si elle avait besoin d’aide. « Non, ça ira » m’a-t-elle répondu. Mais je me suis aperçu qu’elle pleurait et j’ai insisté : « C’est dangereux ici. Montez dans la voiture, je vais vous pousser ». « Non, non, je vais y arriver ». J’allais partir, mais j’ai pensé que quand j’avais des soucis à l’université, les amis du mouvement étaient là pour m’aider. Je me suis alors mis à la tutoyer : « Tu n’as pas l’habitude de te faire aider, n’est-ce pas ? » « Comment ? Non, je me débrouille toute seule. Mais maintenant ma mère est morte et j’ai perdu mon travail. J’ai utilisé l’argent que j’avais pour imprimer des CV et je n’ai plus d’essence. Je pensais y arriver, mais là… » « Tu l’as avec toi ton CV ? Je connais des personnes qui aident les gens à trouver du travail ». À partir de ce moment-là, elle a accepté que je pousse la voiture jusqu’à un garage. J’ai voulu lui donner dix euros pour l’essence, mais elle ne les a pas acceptés. Elle m’a dit que j’étais un ange, et j’ai pensé : « Dans un certain sens, oui. Et ce n’est pas à cause d’une bonté présumée, mais grâce au regard du Christ qui m’a rejoint à travers le mouvement et qui me fait regarder avec tendresse tous ceux que je rencontre, que ce soit mes élèves ou les personnes parfois désagréables qui vont faire leur course durant la Collecte ».

Davide, Milan