Cher don Carrón, la nouvelle de la jeune fille qui s’est suicidée sur la route Cassanese (dans la banlieue de Milan) nous a touchés de près car elle était une camarade de classe de notre fille Letizia. Nous sommes restés dès l’annonce très surpris par la réaction de notre fille : « Priez pour elle ». Dans ces trois mots il y a tout, il y a la présence du Christ qui donne sens à cette tragédie inexplicable et elle a voulu nous le rappeler. Nous comprenons avant tout que Dieu nous appelle à travers ces faits dramatiques, Il nous appelle à porter notre regard le plus possible vers l’Essentiel, vers ce qui rend la vie vraie. C’est ainsi que la vie est plus vraie. Ainsi les rapports sont-ils plus authentiques, de même les relations en famille et avec les amis. Et de fait, durant ces journées, dans les conversations et dans la vie quotidienne avec nos enfants, nous avons pu constater le changement et le gain inattendu de maturité et de sérieux dans leurs rapports avec nous, entre eux et dans leur foi. Souvent nous nous affairons pour tout régler dans notre vie et celle de nos enfants. Mais même en pensant avoir tout réglé, il y a quelque chose qui nous fait comprendre que le bonheur et la sérénité ne dépend pas de cela. Cet épisode dramatique nous rappelle qu’il y a toujours quelque chose qui échappe à notre contrôle, que la réalité et nous-mêmes sommes faits d’un Autre. À ce jour il y a le risque en nos enfants d’une grande fragilité, si grande qu’elle peut mettre en question l’amour des parents. Pour cela il y a l’urgence de revenir à ce qui rend vrais nos rapports, avec l’aide de l’Église qui nous accompagne dans notre vie – grâce à elle nous nous sentons proches d’un oncle qui habite à dix-mille kilomètres et qui fait dire une messe pour sa nièce.

Francesca et Fabrizio, Milano